Danser l’œuvre d’Arman : Accumuler le geste
Danser l’œuvre d’Arman : Accumuler le geste s’inspire d’Arman et Trisha Brown pour transformer la répétition en une émotion collective interdisciplinaire.
Ce projet interdisciplinaire associe danse, arts plastiques et musique autour d’une même question : comment l’accumulation, qu’elle soit gestuelle, sonore ou visuelle, peut-elle devenir source d’émotion ?
Inspiré des œuvres de
Trisha Brown (Accumulation, 1971) et de l’artiste
Arman (pionnier des accumulations plastiques), le projet invite les élèves à explorer la répétition, la variation minimale et la mémoire corporelle comme langages artistiques.
La création se déploie à la croisée des disciplines, transformant gestes simples, sons et objets en une performance collective ouverte à l’espace urbain.
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« Accumulation est une manière de montrer comment un geste simple peut devenir une chorégraphie entière. »
Trisha Brown : « Accumulation est une façon de montrer comment un simple geste peut devenir une chorégraphie entière. » (interview, 1971, Judson Dance Theater archives).
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« La répétition n’est pas une redite, elle est une découverte. »
Lucinda Childs : « La répétition n’est pas la redite, elle est la découverte. » (entretien, Dance Umbrella, 1981).
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« J’accumule pour mieux témoigner de notre époque, où les objets sont les miroirs de nos vies. »
Arman : « J’accumule pour mieux témoigner de notre époque, où les objets sont les miroirs de nos vies. » (catalogue d’exposition, 1960, Galerie Iris Clert, Paris).
🎨 Introduction
Comment danser une œuvre ?
Ce projet interdisciplinaire entre
danse contemporaine,
arts plastiques et
musique invite les élèves du
lycée Guillaume Apollinaire à explorer la notion d’accumulation à travers le corps, l’objet et le son.
Inspiré des démarches d’Arman, de
Trisha Brown et des compositeurs répétitifs comme
Philip Glass, il interroge la mémoire, la trace, et le geste créateur.
Le projet s’achève par une
performance in situ présentée devant l’installation monumentale des
Violons d’Arman, sur la place Garibaldi à Nice.
🧩 1. Contexte du projet
- Titre complet : Accumuler le geste – Arman et Trisha Brown : du fragment à l’émotion
- Année scolaire : 2025–2026
- Établissement : Lycée Guillaume Apollinaire, Nice
- Niveau : Terminale – Spécialités Danse / Musique / Arts Plastiques
- Enseignants impliqués :
- Mme Sophie Martinez – Professeure d’EPS, spécialité danse
- M. Jacques Enault – Professeur d’arts plastiques
- Mme Julia Rustique – Professeure de musique
- Calendrier :
- Répétition : lundi 13 octobre 2025 (lycée Apollinaire)
- Performance : vendredi 17 octobre 2025 (Place Garibaldi, Nice)
- Durée : 15 minutes
- Participants : 40 élèves (12 danseurs, 14 plasticiens, 14 musiciens)
- Partenaires : DAAC Nice, DRAC PACA, Ville de Nice, Théâtre de Grasse
🧠 2. Objectifs pédagogiques
- Interroger la notion d’accumulation dans une triple approche : plastique, sonore et corporelle.
- Explorer le geste répétitif comme outil d’émotion et de composition.
- Relier musique répétitive, mouvement dansé et dispositif plastique.
- Valoriser la coopération interdisciplinaire et la création collective dans l’espace public.
- Faire de la ville un terrain d’expression artistique partagé.
🎭 3. Le processus de co-enseignement
Étape 1 : cours croisés et exploration théorique
Les élèves danseurs, plasticiens et musiciens se sont réunis pour un travail commun autour de trois axes :
- Arman : la poétique de l’accumulation et la transformation des objets du quotidien.
- Trisha Brown : la répétition du geste comme écriture émotionnelle, inspirée de Accumulation Piece (1971).
- Croisement des arts : comment la matière, le son et le mouvement se répondent et composent une œuvre vivante.
Étape 2 : le fil du collectif
Une
pelote de laine devient le point de départ d’une expérience symbolique.
Chaque élève déroule un bout du fil, se présente, puis nomme un mot qu’il associe au projet : création, confiance, audace, partage, attention…
La pelote circule, les fils s’entremêlent, un réseau se tisse.
💬 « Si l’un lâche, tout se défait ; si chacun tient, le collectif prend forme. »
Ce fil matérialise
l’intelligence collective :
il invite chacun à
trouver sa place, à
écouter les autres, à
prendre soin du lien commun.
Trop tiré, il casse ; trop lâche, il s’effondre.
Cette métaphore prépare le corps et l’esprit au travail artistique :
co-exister, co-créer, se relier.
Étape 3 : les situations dansées
Les danseurs poursuivent ensuite l’expérience autour du
fil comme vecteur de mémoire — mémoire du corps, des émotions, des objets.
Le travail prend forme à travers quatre
tableaux-jeux :
- “Le fil qui nous relie”
Chaque danseur imagine qu’un fil part de lui : de la cheville, du cœur, de la tête… symbole d’une trace, d’une pensée, d’un souvenir.
Il tire, relâche, coupe ou noue ce fil imaginaire pour explorer sa
mémoire corporelle.Le geste devient témoin de ce qui reste, de ce qui s’efface, de ce qui se transforme.
- “Accumulation de gestes”
Inspirée de Trisha Brown, cette séquence joue sur la répétition.
Chaque mouvement se répète, s’ajoute, se contredit. Le geste minimal devient porteur d’émotion, la répétition devient mémoire.
- “Accumulation de corps”
Les présences s’assemblent, se superposent, se dispersent.
Le groupe se fait sculpture vivante, écho direct aux accumulations d’Arman, entre ordre et chaos.
- “Couper / Casser”
Le fil se rompt, les gestes se brisent, les corps s’écartent. Puis vient le temps de la
réharmonisation, du retour à l’équilibre.
La partition chorégraphique suit une trajectoire claire :
montée lente → rupture → recomposition.
La musique, inspirée de Philip Glass, soutient la tension et la pulsation intérieure du groupe, transformant la répétition en émotion.
Étape 4 : répétitions croisées et performance
- Lundi 13 octobre : mise en commun danse / musique / arts plastiques au lycée.
- Vendredi 17 octobre : performance publique devant Les Violons d’Arman, Place Garibaldi.
Les plasticiens installent les cartes visuelles, les musiciens créent un tapis sonore cyclique, les danseurs investissent l’espace comme un corps collectif.
Les passants deviennent spectateurs d’un paysage en mouvement, entre art urbain, mémoire et poésie du geste.
🖼️ 4. Arman – Les Violons et l’art de l’accumulation
Arman (1928–2005), figure du
Nouveau Réalisme, a exploré la société de consommation à travers l’accumulation, la
destruction et la
métamorphose des objets.
Ses œuvres — Colère de violon, Poubelle de violons, Accumulation de montres, Home Sweet Home — capturent la tension entre geste impulsif et ordre plastique.
Analyse visuelle : Les Violons d’Arman (Nice)
Cette sculpture monumentale installée sur la
Promenade du Paillon est devenue emblème du lien entre art, mémoire et territoire.
Les violons brisés, figés dans la verticalité, résonnent comme les cordes d’un orchestre silencieux.
La performance des élèves vient redonner vie à ces instruments : chaque geste, chaque respiration devient vibration.



🧩 5. La méthode des “Jeux chorégraphiques”
Le projet s’appuie sur la démarche pédagogique Jeux chorégraphiques (Lelabodart Formation) :
- Créer un jeu de cartes à danser à partir des œuvres d’Arman et des dessins des plasticiens.
- Tirer une carte → inventer une règle de mouvement → improviser collectivement.
- Relier chaque geste à une matière, une émotion, un espace.
- Construire une partition partagée entre danseurs et musiciens.
🃏 Les cartes deviennent le moteur du geste, un langage commun entre les arts.
🌱 6. Compétences développées
Danseur·se : Explorer la répétition et la lenteur, adapter le geste à une intention mémorielle.
Chorégraphe : Construire une partition à partir de fragments visuels et sonores, gérer la scénographie urbaine.
Spectateur·rice : Lire la lenteur et la répétition comme un langage poétique, comprendre la résonance entre arts.
Chercheur·se : Contextualiser Arman et Trisha Brown, analyser l’esthétique de la répétition et du fragment.
🎥 7. Performance finale – Accumuler le geste
Durée : 20 minutes
Structure : lente montée → cassure → réharmonisation
Musique : motifs répétitifs inspirés de Philip Glass et Steve Reich
Scénographie : dispositifs plastiques, fils colorés, objets recyclés, projections
Espace : Promenade du Paillon
« Le fil relie les corps comme les cordes d’un violon.
Chaque tension produit une note, chaque rupture une émotion. »
📎 Ressources associées Lelabodart
Projets associés
Ce projet contribue directement à
Amor Amor, projet fédérateur 2025-2026, et dialogue avec les autres créations de l’année (Sol Invictus, Blossom, La danse des mains, etc.).
Lien avec le projet d’établissement
- Inclusion & équité : chaque élève est valorisé à travers sa contribution individuelle dans la production collective.
- Éducation artistique & culturelle : rencontre des œuvres de référence et inscription dans l’espace urbain.
- Valeurs de la République : rendre l’art accessible à tous, travailler sur la mémoire du territoire à travers la création.
Perspectives d’exploitation
- Épreuves du baccalauréat (oral et écrit) : référence à Trisha Brown et à la post-modern dance.
- Journal de bord : analyse du processus de création et retours sur la performance.
- Co-écriture interdisciplinaire (danse, arts plastiques, musique).
- Intégration possible au projet fédérateur Amor Amor.
En investissant l’espace public, Accumuler le geste transforme le quotidien en expérience sensible. Les élèves découvrent que la répétition, loin d’être mécanique, devient vecteur d’émotion et de mémoire. La performance collective rend hommage aux héritages artistiques de Trisha Brown et Arman tout en affirmant une démarche créative propre à la jeunesse d’aujourd’hui.