"Composer à partir d'un fait historique"

"Ils vont vous raconter"

Enseigner la danse, lycée Guillaume Apollinaire, EPS danse, Sophie Martinez 

« Rentrez et racontez, pour que l'on sache et que cela ne puisse plus se reproduire » Simone Veil

 

« Transmettre la mémoire de l'Histoire, c'est apprendre à se forger un esprit critique et une conscience ». Simone Veil

 

Musique : « Rise Epic John Dreamer Extended », 6.30

 

6 séances

Séance 1: un peu d'histoire

Un peu d’histoire pour contextualiser le début de la pièce chorégraphique :


Premières années de la Seconde Guerre mondiale


Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni (à 11 h), puis la France (à 17 h) déclarent la guerre à l'Allemagne nazie. Lorsque l'armistice est signée, André Jacob est accablé, même s'il pense que la République ne touchera pas aux Juifs. Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale, réunie à Vichy, vote à une écrasante majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le régime de Vichy (gouvernement de Pierre Laval) promulgue, le 4 octobre 1940, le premier statut des Juifs qui établit une série d'interdictions à l'encontre des Juifs et l'obligation de se déclarer aux autorités.


 André Jacob remplit les démarches — ce à quoi la très jeune Simone déclarera plus tard s’être opposée — et perd le droit d'exercer sa profession. Yvonne Jacob passe ses journées à chercher de la nourriture pour sa famille


L'année suivante, les enfants Jacob sont envoyés près de Carcassonne, où ils séjournent en compagnie d'un oncle et d'une tante.


De retour à Nice, la famille, qui habite un appartement, subit la ségrégation progressive des lois anti-juives. Les enfants participent néanmoins activement aux activités des scouts et des éclaireuses. Le danger devient manifeste à partir de septembre 1943, date de la prise de contrôle de la Côte d'Azur par l’occupant allemand, sous la direction d'Alois Brunner. En effet, Nice, en zone libre jusqu'en novembre 1942, était ensuite passée sous occupation italienne, jusqu'à ce que les Italiens signent un armistice avec les Alliés le 2 septembre 1943.


En mars 1944, Simone Jacob passe son baccalauréat .


Déportation à Auschwitz-Birkenau


En mars 1944, Simone Jacob, âgée de 16 ans et qui se fait appeler Simone Jacquier, réside chez son professeur de lettres classiques, Madame de Villeroy, enseignante au lycée Masséna. Le 30 mars 1944, alors qu'elle se rend avec un ami afin de rejoindre les filles de sa classe pour fêter la fin des épreuves du baccalauréat (alors que sa famille lui avait interdit une telle initiative), elle est contrôlée dans la rue en plein centre-ville de Nice par deux Allemands en civil et arrêtée. 




Texte de référence

" Mais nous, nous n'avions rien choisi. Nous n'étions que des victimes honteuses, des animaux tatoués .il nous faut donc vivre avec ça, et que les autres l'acceptent ..........la Shoah est omniprésente, rien ne s'efface ; les convois , le travail, l'enfermement, les baraques, la maladie, le froid, le manque de sommeil, la faim , les humiliations, l'avilissement , les coups , les cris.......non, rien ne doit être oublié ........la chambre à gaz pour les enfants, les femmes , les vieillards, et pour d'autres , la mort lente ...... Il n'y a que la Shoah !




L'atmosphère de crématoire, de fumée , de puanteur de Birkenau, je ne l'oublierai jamais !

Là- bas, dans les plaines allemandes et polonaises s'étendent des espaces dénudés sur lesquels régne le Silence; c'est le poids effrayant du vide que l'oubli n'a pas le droit de combler, et que la mémoire des vivants habitera toujours ."



Comme le tatouage du numéro 78651 sur la peau de mon bras gauche. À tout jamais, elles sont les traces indélébiles de ce que j’ai vécu

 


 (...) Nous ne sommes plus des personnes humaines, seulement du bétail. Un tatouage, c’est indélébile.” C’était sinistrement vrai. A compter de cet instant, chacune d’entre nous est devenue un simple numéro, inscrit dans sa chair ; un numéro qu’il fallait savoir par cœur, puisque nous avions perdu toute identité. Dans les registres du camp, chaque femme était enregistrée à son numéro avec le prénom de Sarah

Échauffement :


Descendre sur 20 temps, au sol 20 temps, remonté sur 20 temps, idem sur 18, 16, 14, 12, 10, 8, 6, 4, 2,

Variante : descente et remontée avec des verbe d’action comme dégouliner, fluide, saccadé, dans la boue, dans du miel, photo… )

Variante apprentissage : idem avec des mots sortis du texte de travail de la séance


Situation 1


Marche en dispersion, chaque élève choisi un camarade qu’il doit garder dans son champ de vision (attention souvent on arrive au cercle, demander de varier les déplacements cad de traverser l’espace de jeu), même situation avec deux élèves. (Pour info : développe la vision périphérique nécessaire au travail d’écoute dans le groupe)


Évolution : départ à l’écoute, marche, course, ralenti, arrêt à l’écoute


En traversée :

Course : version sprint (une vraie course, attention à la position du regard de la tête, des bras à l’amble, du déroulé de la cheville). Avoir la sensation de traverser quelque chose

Idem : avec un déséquilibre avant.


 Situation 3 : Création tableau 1


A partir du texte support, sortir des éléments qui vont générer du mouvement


  Les verbes d’action

  Les adverbes de lieux (ou d’espace)

  Les adverbes de temps

  Les mots caractéristiques d’une dynamique


Créer un petit solo à partir des mots trouvés


Mise en scène : Le groupe classe est séparé en deux un groupe aligné à cour, un groupe aligné à jardin


3 manières de traverser la scène en ligne droite

Marche neutre (attention ne pas trainer la pointe du pied derrière)

Courses

Déséquilibre course

Attention, la scène ne doit jamais être vide

Vous pouvez traverser quand vous le souhaiter, si un pied est sur scène vous devez y aller

Quand vous le souhaitez vous vous positionnez sur scène, réalisez votre solo puis sortez de scène.

Réaliser 3 fois son solo en le faisant évoluer, de plus en plus vote, de plus en plus fort, avec de plus en plus d’accents


  Passage un : temps long flux fluide

  Passage deux : temps accéléré flux plus fort

  Passage trois : temps rapide flux fort voir saccadé, accents

Pas plus de trois solos à la fois

Dégradation du mouvement au fur et à mesure

 


Séance 2: Le contrôle de police
Texte de référence

Déportation à Auschwitz-Birkenau


En mars 1944, Simone Jacob, âgée de 16 ans et qui se fait appeler Simone Jacquier, réside chez son professeur de lettres classiques, Madame de Villeroy, enseignante au lycée Masséna. Le 30 mars 1944, alors qu'elle se rend avec un ami afin de rejoindre les filles de sa classe pour fêter la fin des épreuves du baccalauréat (alors que sa famille lui avait interdit une telle initiative10), elle est contrôlée dans la rue en plein centre-ville de Nice par deux Allemands en civil et arrêtée. Elle et son camarade sont emmenés à l'hôtel Excelsior, rue Durante, quartier général allemand, qui sert à cette époque de lieu de regroupement local des Juifs arrêtés avant leur déportation vers l'Allemagne. Les Allemands relâchent rapidement le garçon, à qui Simone Jacob a eu le temps de glisser l'adresse de Madame de Villeroy (boulevard Carabacel), pour la prévenir et tenter d'informer sa famille11,7. Dans les heures qui suivent, le reste de sa famille, hébergée, malgré les risques encourus, par plusieurs couples de relations et d'amis niçois, est arrêté par la Gestapo.


Echauffement :


Le guide et l'aveugle sans musique (confiance à l'autre): les mains sur les épaules du guide, l'aveugle se laisse guider, le guide promène l'aveugle dans l'espace scénique en toute sécurité

Être vigilant, guider vers une zone où il n’y a personne, nécessite concentration et silence, donner le poids de son bras par la main (le guide positionne une main dans le dos, l’autre en guidage, protection par le corps en cas de danger)

Variante (annexe) La bouteille ivre (sans musique)

Au centre un élève les yeux fermés qui reste en gainage le reste du groupe en cercle qui la bascule

Groupe très proche puis en confiance de plus en plus éloigné

Ouvrir son polygone de sustentation pour être stable, fente avant, bassin placé, respecter le corps de l’autre, sentir le poids de l’autre (ne pas franchir la limite de ce que je peux porter)

Être vigilant et constant


Situation 1 : Le loup glacé


En deux lignes un élève se place au centre et prend la forme mannequin challenge, un camarade rentre et prend appui sur le 1er avec une autre forme mannequin challenge. L’élève 1 dégouline passe par le sol et sort, un autre rentre etc

Principe de travail : si je mets un pied dans l’espace de jeu même si on est deux ou trois je dois y aller, pas d’hésitation. Toute motricité ou proposition est bonne à prendre

Variante : idem mais deux élèves viennent prendre une forme et donnent leurs poids


Situation 2, phase de recherche : Le mur


Par deux : Un qui fait « le mur » position neutre, petite parallèle, bras le long du corps, être solide comme un mur.

Le deuxième élève doit se confronter au mur :

Toucher en impact 4 parties du corps de l’autre (rapide)

Rebondir de 3 manières différentes avec 3 parties du corps de l’autre

Essayer de traverser, trouver 3 espaces libres

En cercle les élèves du cercle représentent le mur, un élève rentre dans le cercle puis teste sur trois élèves le toucher en impact (on essaie de faire passer tout le monde ) même chose en rebond puis même chose en traversée


Mise en scène : Le groupe classe est séparé en deux un groupe aligné à cour, un groupe aligné à jardin


3 manières de traverser la scène en ligne droite

Marche neutre (attention ne pas trainer la pointe du pied derrière)

Courses

Déséquilibre course

Attention, la scène ne doit jamais être vide les traversées doivent toujours être présentes

Vous pouvez traverser quand vous le souhaitez, si un pied est sur scène vous devez y aller.

Quand vous le souhaitez, l’élève faisant le mur se positionne sur scène le second réalise en impact ses trois gestes et repart du coté ou il est rentré puis le mur sort en marchant (même coté de sortie de son binôme)

Deuxième passage en rebond

Troisième passage en impact

Attention, les traversées de scène doivent toujours être présentes (3 binômes max qui réalisent le mur alors que les autres continuent de traverser afin de représenter la foule et l’indifférence


Séance 3: Le matricule
Texte de référence

Le 13 avril 1944, soit deux semaines après leur arrestation, Simone, sa mère Yvonne et sa sœur Madeleine sont envoyées de Drancy, dans le convoi no 7112, où se trouvent également Anne-Lise Stern et Marceline Rosenberg, qui deviendra sa meilleure amie dans le camp, à destination d'Auschwitz-Birkenau, un des camps d'extermination nazis, où elles arrivent le 15 avril au soir. Un prisonnier parlant français lui conseille de se dire âgée de plus de 18 ans, pour passer la sélection et éviter l'extermination. Elle reçoit le matricule 78651, qui lui est tatoué sur le bras. Le travail forcé consiste alors à « décharger des camions d'énormes pierres » et à « creuser des tranchées et aplanir le sol ».


Une ancienne prostituée devenue kapo lui sauve la vie en la mutant dans une annexe d'Auschwitz, lui disant : « Tu es trop belle pour mourir ». Elle accepte, à condition que sa mère et sa sœur la suivent8.


Une des sœurs de Simone, Denise Jacob, entrée à 19 ans dans un réseau de la Résistance à Lyon, est arrêtée en 1944 et déportée à Ravensbrück, d'où elle reviendra. Son père et son frère Jean sont déportés en Lituanie par le convoi 7314. Simone Jacob ne les a jamais revus.


Marche jusqu'à Bergen-Belsen


En juillet 1944, avec sa mère et sa sœur, Simone Jacob est transférée à Bobrek, à cinq kilomètres de Birkenau. Peu avant la libération du camp d'Auschwitz le 27 janvier 1945, les Allemands emmènent leurs prisonniers dans la marche de la mort jusqu'au camp de Bergen-Belsen où elle travaille à la cuisine. Sa mère meurt du typhus en mars 1945. Sa sœur Madeleine, atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des Alliés.

"Comme le tatouage du numéro 78651 sur la peau de mon bras gauche. À tout jamais, elles sont les traces indélébiles de ce que j’ai vécu.

 


 (...) Nous ne sommes plus des personnes humaines, seulement du bétail. Un tatouage, c’est indélébile.” C’était sinistrement vrai. A compter de cet instant, chacune d’entre nous est devenue un simple numéro, inscrit dans sa chair ; un numéro qu’il fallait savoir par cœur, puisque nous avions perdu toute identité. Dans les registres du camp, chaque femme était enregistrée à son numéro avec le prénom de Sarah"

Echauffement :


Descendre sur 20 temps, au sol 20 temps, remonté sur 20 temps, idem sur 18, 16, 14, 12, 10, 8, 6, 4, 2,

Variante : descente et remontée avec impact.

Compter les temps différemment (20/2/3, 19/2 :3, 18/2/3….) descendre et remonter en impulse

En cercle les élèves du cercle représentent le mur, un élève rentre dans le cercle puis teste sur trois élèves le toucher en impact (on essaie de faire passer tout le monde ) même chose en rebond puis même chose en traversée

Une fois tout le monde passé au centre, refermer le cercle en amas et créer des impulses communes comme un cœur qui bat.


Situation 1 : Création phrase commune du matricule 


A partir du texte support, sortir des éléments qui vont générer du mouvement

Les verbes d’action

Les adverbes de lieux (ou d’espace)

Les adverbes de temps

Les mots caractéristiques d’une dynamique

Créer un petit solo à partir des mots trouvés


Situation 2 : suite


En cercle :

Un élève fait un geste S1 et le passe à sa droite qui le passe à sa droite etc…. Création d’un relai de mouvement

Variante : un élève avance dans le cercle fait un geste puis tout le monde refait le geste puis on passe au deuxième élève etc….

Consignes pour un super effet visuel : accélérer la transmission du mouvement, pas de temps de pause dans le relai


Situation 3 : suite


Faire un choix avec l’ensemble du groupe classe des 4*8 gestes les plus représentatifs du texte

Sans déplacements):

Enchainer les 4 gestes, il faut pouvoir l’automatiser

Créer sa propre partition, accélérer ralentir le geste, le bloquer, changer le sens …. 


 

Création collective :


1 : traversée solo


2 : le mur


3 : le rassemblement


4 : la phrase à l’unisson


5 : la phrase en partition


Séance 4: La création
Texte de référence

En attente ....


" les jeunes générations nous surprennent parfois en ce qu'elles différent de nous ; nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celle dont nous l'avons été. Mais cette jeunesse est courageuse, capable d'enthousiasme et de sacrifices comme les autres. Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême." Extrait du discours de Simone Weil le 26 novembre 1974


« Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années d'occupation, des lumières par milliers refusèrent de s'éteindre. Nommés Justes parmi les nations ou restés anonymes, des femmes et des hommes de toutes origines et de toutes conditions ont sauvé des Juifs des persécutions antisémites et des camps d'extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l'Honneur de la France, ses valeurs de Justice, de Tolérance et d'Humanité. »


 Ayant banni toute naïveté et n'ayant plus peur de rien ni de personne, et bien que soupe au lait (ses colères sont légendaires), son attention aux difficultés des autres et sa bienveillance sont connues. En dépit de sa pudeur, de sa réserve et à certains égards d'une réelle timidité, rares sont ceux, célèbres ou inconnus, qui n'ont pas trouvé auprès d'elle une solution à leur problème, un conseil ou une écoute attentive et réconfortante. Nous gardons le souvenir de ces soirées interminables et de ces dimanches consacrés à répondre personnellement aux courriers d'inconnus, ce qui lui a valu de la part d'un de ses collègues du gouvernement l'aimable observation : «Ce n'est pas une pratique de ministre, mais celle d'un chef de bureau»


A mes yeux comme aux siens [sa mère], une femme qui en a la possibilité se doit de poursuivre des études et de travailler, même si son mari n'y est pas favorable. Il y va de sa liberté et de son indépendance.


Disons-le clairement. Je suis favorable à toutes les mesures de discrimination positive susceptible de réduire les inégalités de chances, les inégalités sociales, les inégalités de rémunération, les inégalités de promotion dont souffrent encore les femmes.


 Le moment était venu d'annoncer à mon mari: "Je vais m'inscrire au barreau." "Il n'en est pas question", a-t-il répondu, à ma vive surprise. Je ne me suis pas laissée faire. "Comment? Il a toujours été entendu que j'attendrai que tu sois sur tes rails et qu'alors je travaillerai. Maintenant tu as obtenu ce que tu voulais, tu es à l'ENA, tout va bien pour toi. Rien ne s'oppose donc à ce que je travaille." Je ne m'attendais pas à une réaction aussi négative de sa part. Comme jadis mon propre père avec Maman, je découvrais que mon mari était gêné de me voir entrer dans la vie professionnelle.

 [...]

 Tel a donc été notre terrain d'entente: j'abandonnais ma vocation d'avocat au profit d'une carrière de magistrat, sans doute moins prenante, et lui acceptait que je ne reste pas à la maison pour élever les enfants et préparer le dîner.



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