PRATIQUE: Chapitre 1 "Mobiliser les fondamentaux du mouvement à partir d'une démarche de création"

Apprendre à mobiliser les fondamentaux du mouvement pour construire une démarche de création contemporaine


Enseigner la danse, lycée Guillaume Apollinaire, Spécialité danse, Sophie Martinez 

Le jeu chorégraphique

Découvrir

  1. Qu'est ce qu'un jeu chorégraphique?
  2. Découvrir le jeu "inducteur" & "Matières"
  3. Créer autour du jeux des plasticiens
  4. Exemples et travaux d'élèves
  5. Créer son propre jeu


Projet "Jeux" au MAMAC en collaboration avec Jc Bournine

  1. Qui est Jean Christophe?
  2. Les œuvres au MAMCAC / Nos règles du jeux
  3. Performance




Œuvre de référence Arthur Pérole - Rock'in chair

Biographie

Arthur PEROLE intègre en 2007 le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP). Il rencontre des grands noms de la danse comme Peter Goss, André Lafonta, Susan Alexander, Dominique Mercy, participe aux créations d'Edmond Russo/Shlomi Tuizer, de Cristiana Morganti et interprète pour le Junior Ballet du CNSMDP les Noces d’Angelin Preljocaj, Uprising de Hofesh Shechter. A l’issue de cette formation, Arthur poursuit son parcours d’interprète auprès de Tatiana Julien, Annabelle Pulcini, Christine Bastin, Radhouane El Meddeb. En 2013, il rejoint l'équipe de Joanne Leighton pour être interprète dans plusieurs pièces de répertoire : Les Modulables, Made in série et la création 9,000Pas. Après avoir créé des courtes pièces au sein des Ateliers Chorégraphique du Conservatoire de Paris Arthur Perole décide de fonder sa compagnie pour y développer ses projets chorégraphiques. La CieF voit le jour en 2010, basée dans un premier temps à Mouans-Sartoux, elle s’installe à partir de 2017 à Marseille.

principes de création

Arthur Perole propose une danse contemporaine inclusive, parfois ludique, toujours dirigée vers le spectateur et la formation d’un regard autonome. Refusant le constat que la danse fait figure de lointain objet esthétique – tantôt intimidante ou inaccessible pour un public hors des circuits traditionnels –, il conçoit ses créations comme le laboratoire d’une pratique du regard. Regard du chorégraphe vers l’œuvre, tourné vers un héritage à décortiquer, disséquer pour mieux déconstruire (Stimmlos, 2014) ; Regard inspiré du créateur vers le danseur et regard inspirant de la muse (Scarlett, 2015) ; Regard participatif et performatif du public, pouvant influencer le déroulement de la pièce (Rock’n Chair, 2017). Il cherche ainsi à proposer une réflexion de proximité entre chorégraphe, danseur et questionnement du public. Il invite, inclut le spectateur dans le processus chorégraphique, lui offre les outils pour comprendre ce qui se déroule devant ses yeux, des clefs pour (ré)apprendre à regarder.
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Rock'n Chair


Et si la danse était un grand jeu de société, avec ses cartes à danser, actions ou joker, son tapis, ses règles et ses participants ? Expérimenté au fil d’ateliers animés en milieu scolaire, le dispositif conçu par Arthur Perole et la CieF met le jeune public au centre de la création chorégraphique.

Arthur Pérole a conçu la première ébauche de Rock’n Chair, afin d’éclairer la façon dont se construit un spectacle chorégraphique. Celui-ci s’élabore sous les yeux du public grâce à un jeu de cartes à danser, tirées au sort par les quatre interprètes dans une boîte sur la scène. La nature des mouvements, le tracé et le mode des déplacements, leur tempo et même le choix des costumes sont déterminés par les règles édictées par les cartes, de « traverser le plateau » à « rythme saccadé ».

 

À mesure que se déroulent les différentes manches du jeu, les combinaisons chorégraphiques deviennent plus élaborées et le public est invité à intervenir sur le choix des consignes données aux danseurs. Ainsi, chacun participe à la composition en train de naître, dans une ambiance festive et survoltée grâce à la bande son extraite de concerts des Doors. Basé sur un processus aléatoire, ce drôle de work in progress est une initiation à la chorégraphie « cartes sur table ». Isabelle Calabre

 

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Entretien avec Arthur Perole autour du projet Rock'n Chair.

Biographie

Arthur PEROLE intègre en 2007 le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP). Il rencontre des grands noms de la danse comme Peter Goss, André Lafonta, Susan Alexander, Dominique Mercy, participe aux créations d'Edmond Russo/Shlomi Tuizer, de Cristiana Morganti et interprète pour le Junior Ballet du CNSMDP les Noces d’Angelin Preljocaj, Uprising de Hofesh Shechter. A l’issue de cette formation, Arthur poursuit son parcours d’interprète auprès de Tatiana Julien, Annabelle Pulcini, Christine Bastin, Radhouane El Meddeb. En 2013, il rejoint l'équipe de Joanne Leighton pour être interprète dans plusieurs pièces de répertoire : Les Modulables, Made in série et la création 9,000Pas. Après avoir créé des courtes pièces au sein des Ateliers Chorégraphique du Conservatoire de Paris Arthur Perole décide de fonder sa compagnie pour y développer ses projets chorégraphiques. La CieF voit le jour en 2010, basée dans un premier temps à Mouans-Sartoux, elle s’installe à partir de 2017 à Marseille.

principes de création

Arthur Perole propose une danse contemporaine inclusive, parfois ludique, toujours dirigée vers le spectateur et la formation d’un regard autonome. Refusant le constat que la danse fait figure de lointain objet esthétique – tantôt intimidante ou inaccessible pour un public hors des circuits traditionnels –, il conçoit ses créations comme le laboratoire d’une pratique du regard. Regard du chorégraphe vers l’œuvre, tourné vers un héritage à décortiquer, disséquer pour mieux déconstruire (Stimmlos, 2014) ; Regard inspiré du créateur vers le danseur et regard inspirant de la muse (Scarlett, 2015) ; Regard participatif et performatif du public, pouvant influencer le déroulement de la pièce (Rock’n Chair, 2017). Il cherche ainsi à proposer une réflexion de proximité entre chorégraphe, danseur et questionnement du public. Il invite, inclut le spectateur dans le processus chorégraphique, lui offre les outils pour comprendre ce qui se déroule devant ses yeux, des clefs pour (ré)apprendre à regarder.
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Rock'n Chair


Et si la danse était un grand jeu de société, avec ses cartes à danser, actions ou joker, son tapis, ses règles et ses participants ? Expérimenté au fil d’ateliers animés en milieu scolaire, le dispositif conçu par Arthur Perole et la CieF met le jeune public au centre de la création chorégraphique.

Arthur Pérole a conçu la première ébauche de Rock’n Chair, afin d’éclairer la façon dont se construit un spectacle chorégraphique. Celui-ci s’élabore sous les yeux du public grâce à un jeu de cartes à danser, tirées au sort par les quatre interprètes dans une boîte sur la scène. La nature des mouvements, le tracé et le mode des déplacements, leur tempo et même le choix des costumes sont déterminés par les règles édictées par les cartes, de « traverser le plateau » à « rythme saccadé ».

 

À mesure que se déroulent les différentes manches du jeu, les combinaisons chorégraphiques deviennent plus élaborées et le public est invité à intervenir sur le choix des consignes données aux danseurs. Ainsi, chacun participe à la composition en train de naître, dans une ambiance festive et survoltée grâce à la bande son extraite de concerts des Doors. Basé sur un processus aléatoire, ce drôle de work in progress est une initiation à la chorégraphie « cartes sur table ». Isabelle Calabre

 

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Entretien avec Arthur Perole autour du projet Rock'n Chair.



Découvrir le jeu "inducteur" & "Matières"

INDUCTEUR


Règles du jeu:

4 espaces et un couloir central

- bleu: inducteur tête

- Vert: inducteur jambes

- Jaune: inducteur "toue le corps"

- Rouge : inducteur bras


Couloir de déplacement : Raisonnance


Matieres / Flux


Règles du jeu:

4 espaces définis en 4 cercles concentriques

- bleu:dans l'eau

- Vert: dans l'air

- Jaune: dans la terre

- Rouge : au feu


Zone de déplacement : marcher, s’asseoir, attendre, courir, s'opposer


Exemples:
Travaux à réaliser:

Réaliser une présentation visuelle (format libre) et orale (5 minutes) présentant:


- Votre thème

- Vos recherches documentaires

- Les supports de création

- Sources d'inspiration chorégraphiques

- Vos choix de gestuelles

- Vos choix d'espaces

- Vos choix dans le traitement du temps

- Vos choix dans le traitement du flux


Projet collectif "Jeux au MAMAC" avec la collaboration de JC Bournine

Projet « Jeux chorégraphiques au MAMAC » avec la collaboration de Jean Christoph Bournine


"Créer sa propre démarche de création à partir d’œuvres de références"


Le projet consiste en 4 séances de travail pratique autour du protocole « Jeux chorégraphique » en collaboration avec JC Bournine, une visite au MAMAC pour comprendre et connaître les artistes plasticiens et en dégager des règles du jeux chorégraphiques autour des artistes suivant : Spoerri et Rauschenberg.


Une restitution au MAMAC sera organisée courant du mois de novembre.


Compétences poursuivies :


Créer

Mobiliser le corps en danse selon différents registres expressifs ou esthétiques.

Revisiter en actes des démarches artistiques identifiées dans les œuvres étudiées.

Créer un objet chorégraphique en mettant en jeu un ou des processus de composition.


Analyser

Revisiter en actes des démarches artistiques identifiées dans les œuvres étudiées. 

Décrire et analyser les images du corps dansant à partir de différents supports d’observation.

Rendre compte de sa propre expérience dansée, à l’écrit et à l’oral.


Restituer

Présenter et interpréter une composition chorégraphique.

Lien vers le projet
 JC Bournine

Contrebasse, objet mutant. Après de multiples collaborations aux frontières hybrides entre les musiques improvisées et la musique électronique (Magic Malik, Bumcello ou encore UHT°), le contrebassiste Jean-Christophe Bournine revêt son costume de Merakhaazan pour un Récital électronique à la contrebasse seule.
Elle est peut-être soliste, cette contrebasse à cinq cordes, mais elle sait se multiplier ; via un jeu de samplers, de pédales et de saturations, elle prend toutes les dimensions. Elle se joue (...)

Pour approfondir
Les œuvres au MAMAC

Rauschenberg

Robert Milton Ernest Rauschenberg, né le 22 octobre 1925 à Port Arthur, Texas, et mort le 12 mai 2008 à Captiva, Floride, est un artiste plasticien américain.

Il appartient au mouvement Neo-Dada et il est l'un des précurseurs du pop art ; ses réalisations vont de la peinture à la gravure, en passant par la photographie, la chorégraphie et la musique.

Rauschenberg et l'Art Plastique

L'approche de Rauschenberg est parfois qualifiée de "Néo-Dada", label qu'il partage avec le peintre Jasper Johns. Rauschenberg disait vouloir travailler "dans l'intervalle entre l'art et la vie" ("in the gap between art and life"). Il interroge la différence entre les objets d'art et les objets de la vie quotidienne, dans la lignée de l'artiste dada Marcel Duchamp et de son œuvre, "Fontaine".

À partir de 1962, les peintures de Rauschenberg commencent à intégrer non plus seulement des objets trouvés, mais aussi des images - transférant des photographies sur des toiles au moyen de la sérigraphie. Ce procédé permet à Rauschenberg d'interroger le principe de la reproductibilité de l'œuvre et de ses conséquences. En ce sens, son travail est contemporain de celui d'Andy Warhol ; Rauschenberg et Johns étant tous deux fréquemment cités comme d'importants précurseurs du Pop Art.

En 1951 Rauschenberg crée ses "White Paintings", dans la tradition des peintures monochromes dont le but est de réduire la peinture à sa nature essentielle et ainsi, amener la possibilité d'une expérience pure. Les "White Paintings" ont été exposées à la galerie Eleanor Ward's Stable à New York en octobre 1953. Au premier regard, elles semblent se réduire à des toiles blanches, vierges." Plutôt que de penser qu'elles sont des réductions destructives, il serait plus judicieux de les considérer, comme John Cage, comme des écrans hypersensibles - que Cage définissait comme "des aéroports de lumières, d'ombres et de particules". Devant ces œuvres, chaque modulation de la lumière, de l'atmosphère s'inscrivait sur leur surface. Rauschenberg lui-même disait qu'elles étaient affectées par les conditions ambiantes, "de telle manière que vous pouviez dire combien de personnes étaient dans la pièce". Les "Black Paintings" datent de 1951. Comme les "White Paintings", elles ont été exécutées en de nombreux exemplaires et d'une seule couleur. Mais ici, Rauschenberg incorpore des morceaux de papier journal de telle manière que celui-ci est visible à certains endroits alors qu'à d'autres, il est totalement recouvert de peinture. Entre 1953-1954 Rauschenberg travaille une nouvelle série de monochromes, les "Red Painting". Cette série est composée de différentes peintures rouges et associe sur la toile des matériaux tels que bois, clous, papier journal etc. créant ainsi une surface de peinture complexe qui laisse voir les signes avant-coureurs de la célèbre série "Combine" (Association).

Pour aller plus loin


« C'est la danse qui rend claire la conscience du moment présent, partagé à la fois par le danseur et le spectateur. Le corps est l'événement et cet événement n'existe qu'une fois (...). Il est frustrant que l'art du peintre ou du sculpteur ne puisse jamais approcher ce présent toujours changeant, ne dise jamais rien de cette vie du corps indépendant de l'art... »


La danse est omniprésente dans la carrière de Rauschenberg

Ainsi, parallèlement à sa carrière d'artiste plasticien, son intérêt pour la danse novatrice de son ami Cunningham ne cesse de grandir. Il collabore avec la Merce Cunningham Company dès 1954, en créant le décor pour le ballet Minutiae. Le principe de leur collaboration est l'autonomie de chaque art: comme Cage compose la musique sans avoir vu la danse de Cunningham, et réciproquement, Rauschenberg compose le décor à partir d'une instruction succincte donnée par Cunningham. Cela laisse donc à Rauschenberg une immense liberté créatrice. Durant dix ans, jusqu'en 1964, il collabore avec la compagnie en tant que directeur artistique, créant costumes et décors, se chargeant des éclairages et de la régie spectacle12. Il accompagne la compagnie dans ses tournées sur le sol américain et dans le monde en 1964. Il a notamment collaboré à des ballets majeurs de Cunningham, tels que Summerspace (1958), Antic Meet (1958) ou encore Winterbranch (1964). Rauschenberg dira d'ailleurs que collaborer avec Cunningham lui a offert "la liberté de tout tenter13".

Rauschenberg a aussi travaillé pour Paul Taylor, ancien danseur de Merce Cunningham ayant monté sa propre compagnie. Il a dessiné les costumes de plusieurs ballets dont Three Epitaphs (1956).

Mais l'artiste a aussi participé à un mouvement chorégraphique d'avant-garde extrêmement radical et subversif, aux côtés de danseurs et d'artistes plus jeunes que lui: le Judson Dance Theater. Dans le cadre de ce collectif, il a apporté son aide pour créer les éclairages des spectacles et il a souvent pris en charge la régie. Puis, il se lance lui-même dans la chorégraphie avec la pièce Pelican en 1963, dans le cadre d'un spectacle du Judson Dance Theater à Washington, organisé sur une piste de patins à roulettes. Deux danseurs (dont Rauschenberg lui-même), réalisent une chorégraphie sur patins à roulettes avec une ballerine, dansée par Carolyn Brown, la danseuse fétiche de Cunningham.

Plus tard, il a travaillé avec Trisha Brown, une ancienne membre du Judson Dance Theater, réalisant notamment les costumes et les décors de Glacial Decoy (1979) et de Set and Reset (1983).

Rauschenberg a collaboré à nouveau avec Cunningham pour les ballets Interscape (2000), XOVER (2007).

Les White Paintings ont entamé leur phase initiale la plus importante d’expérimentation radicale au Black Mountain College en Caroline du Nord (1948), où Joseph Albers, le professeur du Bauhaus, incarnait l’ordre et considérait les éléments de l’art d’une manière qui s’opposait fortement à l’esthétique émergente de Rauschenberg. Là, pour la première fois, il entre en contact direct avec les idées fertiles du musicien John Cage et du chorégraphe Merce Cunningham. Rauschenberg participe à la performance historique (Untitled event, 1952), définie comme une « action concertée », à laquelle collaborent Cage, Cunningham, le pianiste David Tudor et le poète Charles Olson. C’est leur contribution à cet événement qui a été une première tentative de créer une synthèse théâtrale de tous les arts et le prototype de tous les happenings développés plus tard (1959) par Allan Kaprow, Claes Oldenburg, Jim Dine et d’autres à New York. L’œuvre Minutiae a été créée par Rauschenberg pour le décor de la pièce du même nom de la Merce Cunningham Dance Company.

En savoir plus

La Judson Church

La Judson Memorial Church est une église de New York et un centre important de promotion artistique depuis les années 1950. Fondée en 1890 par le pasteur Edward Judson sur la partie sud du Washington Square Park à proximité de la New York University dans le quartier de Greenwich Village à Manhattan, cette église progressiste est affiliée au mouvement baptiste et à l'Église unie du Christ.Cette église progressiste est consacrée à l'aide sociale, parfois impopulaire, pour les personnes défavorisées de New York. Elle fut notamment l'une des premières à New York à venir en aide aux drogués dans les années 1950, aux femmes qui souhaitaient avorter dans les années 1960, aux adolescents fugueurs et aux prostitués en difficulté dans les années 1970, et aux malades du sida dans les années 1980.

Au début des années 1950, sous l'impulsion du pasteur Bernard Scott, la Judson Church devient un lieu très actif de la création contemporaine, souvent radicale, en ouvrant ses portes aux recherches et performances de nombreux artistes de la scène new-yorkaise. Elle accueillit les premières expositions de Claes Oldenburg, Jim Dine, Robert Rauschenberg, Tom Wesselmann, Daniel Spoerri, et Red Grooms entre 1957 et 1959 avant qu'ils ne soient connus.

De 1960 à 1962, l'église fait la promotion des travaux chorégraphiques de danse post-moderne et de musique minimaliste autour d'un groupe constitué par Anna Halprin et composé des danseurs et chorégraphes Trisha Brown, Lucinda Childs, Steve Paxton, David Gordon, Merce Cunningham, Robert Ellis Dunn, et Yvonne Rainer ainsi que des compositeurs Terry Riley et La Monte Young qui aboutira à la fondation du Judson Dance Theater. En 1961, le Bread and Puppet Theatre y a présenté son premier spectacle : Danse des Morts1.

Spoerri

pseudonyme de Daniel Isaak Feinstein, né le 27 mars 1930 à Galați (Roumanie), est un artiste plasticiensuisse, d'origine roumaine.

Daniel Spoerri est l'aîné d'une fratrie de six enfants. Leur père, Isaac Feinstein, était un libraire juif roumain converti au protestantisme ; leur mère, Lydia Spoerri, était une évangéliste baptiste suisse. Isaac Feinstein fut assassiné lors du pogrom de Iași en 1941. Lydia Feinstein réussit à faire émigrer toute sa famille en Suisse, où tous prirent le nom de Spoerri. Faute d'autre solution, les enfants furent placés auprès de différents membres de la famille en Suisse et Daniel fut recueilli en 1942 par son oncle maternel, le professeur Theophil Spoerri, à Zurich2.

Daniel Spoerri rencontre Jean Tinguely à Bâle en 1949. Il apprend la danse à l'école de danse de l'Opéra de Zurich et dans différents stages notamment avec la danseuse Olga Preobrajenska et le mime Étienne Decroux. Il commence ensuite une carrière de danseur à l'Opéra de Berne (1954-1957), dont il devient premier danseur, avant de se consacrer au théâtre comme metteur en scène, dont La Cantatrice chauve, acteur, mime et décorateur. Il devient assistant au Landestheater de Darmstadt. Parallèlement, il compose de la poésie concrète.

En 1957, il fonde la revue « Material », un journal de poésie concrète en collaboration avec Josef Albers, Louis Aragon, Helmut Heissenbüttel, Eugen Gomringer, Dieter Roth.

En 1959, après la rupture avec le Landestheater en raison de ses positions sur le théâtre classique, il s'installe à Paris où il crée les éditions MAT (Multiplication d’Art Transformable). La première exposition a eu lieu du 27 novembre au 19 décembre 1959 à la galerie Edouard Loeb, rue de Rennes à Paris. C’est sa première tentative de multiplication d’œuvres d’art en dehors des procédés habituels (lithographie, gravure, bronze, tapisserie etc.). L'objectif des Éditions MAT était de produire des objets d'origine dans une série aussi peu coûteuse que possible. L’édition originale d’objets multipliés est limitée a 100 exemplaires numérotés et signés par l’artiste et tous ont été évalués à 20 000 francs français (environ 400 $ aujourd'hui). Chaque multiple d'un «original» introduit inévitablement quelque chose de son créateur et, en tant que tel, gagne un certain «caractère unique». L'idée est plus importante que la signature personnelle de l’artiste. Les artistes contributeurs étaient Yaacov Agam, Pol Bury, Marcel Duchamp, Bruno Munari, Dieter Roth, Jésus Rafael Soto, Jean Tinguely, Victor Vasarely, Hans Arp, Christo, Enrico Baj… L'idée n'était pas de faire des reproductions dans le sens habituel, mais de faire de multiples originaux, principalement des objets cinétiques, encourageant souvent l'intervention du spectateur. Spoerri réalisera un catalogue de la première exposition de l'édition MAT, recensant les différentes œuvres originales des artistes.

Pour aller plus loin

Il invente en 1960 ses premiers « tableaux-pièges » en collant sur des planches des objets quotidiens ramassés dans sa chambre d'hôtel, qui acquièrent une présence insolite en passant d'un plan horizontal à un plan vertical. Ce travail le conduit à rejoindre le groupe des Nouveaux réalistes lors de sa fondation en 1960 : « Je ne mets, dit-il, qu'un peu de colle sous les objets, je ne me permets aucune créativité3. » Il fixe ainsi des étalages du marché aux puces ou des rebuts entassés dans un tiroir. Il présente ses premiers tableaux-pièges au Festival d'art d'avant-garde à Paris. Spoerri fixe un moment défini, en collant les objets (par exemple, les restes d'un repas), tels qu'ils se trouvaient lorsqu'il entreprend le travail.

En 1962, Spoerri rédige sa Topographie anecdotée du hasard, description minutieuse d'objets présents sur la table de sa chambre et évocation de ce qu'elles suggèrent. Il poursuit dans cette démarche de transfiguration du réel avec ses Détrompe-l'œil (1963), dans lesquels des objets du quotidien détournent et mettent en cause l'image à laquelle ils sont ajoutés : par exemple dans La Douche, il fixe une robinetterie de salle de bains sur un tableau représentant un torrent de montagne. Avec Robert Filliou, il propose en 1964 les Pièges à mots, montages visuels qui matérialisent des expressions toutes faites.

En 1963, Spoerri commence à collectionner des repas à la Galerie J., alors qu'il est en contact avec George Maciunas et Fluxus. Il ouvre ensuite un restaurant Spoerri à Düsseldorf en 1968, servant de la nourriture préparée par lui-même, puis une Eat-Art Gallery, où il invite clients et artistes à confectionner des œuvres comestibles comme les personnages en pain d'épices de Richard Lindner ou les sucres d'orge de César. Il devient célèbre en collant les restes et les plats du repas à la table, tels que le client les avait laissés, pour réaliser des tableaux-pièges. Il collectionne également les recettes de cuisine et imagine des rites gastronomiques extravagants (J'aime les keftédès, 1970).

À partir de 1967, dans l'île grecque de Symi, Spoerri joue de la charge magique des objets avec ses Conserves de magie à la noix, qu'il prolonge au début des années 1970 avec des Natures mortes constituées de cadavres d'animaux, affirmant l'ambiguïté du piégeage par rapport à la mort et à la conservation. Au cours de la décennie suivante, il devient assembleur, transformant en idoles parodiques formes à chapeaux, hachoirs à viande ou instruments orthopédiques ; certains de ces assemblages sont ensuite fondus en bronze. Son goût pour les masques et les objets cultuels s'exprime dans des « objets ethnosyncrétiques » qui rassemblent masques primitifs, rebuts des Puces et signes religieux, pour tourner en dérision toute croyance et toute convention artistique.

Il va encore plus loin dans le concept d'évacuation de toute créativité, faisant supprimer certaines de ses œuvres en brevet par des tiers (notamment par un enfant de onze ans), les tableaux portant au dos un texte de l'artiste, une signature et une date. À la question posée devant les tribunaux de savoir s'il fallait considérer ces tableaux comme d'authentiques œuvres de Spoerri, la jurisprudence a répondu négativement4.

En 1972, le Centre national d'art contemporain de Paris lui consacre une rétrospective. Dans les années 1990, il donne un one man show au Centre Georges-Pompidou à Paris.

Le 23 avril 1983, dans le parc du Montcel à Jouy-en-Josas, Spoerri réalise une performance artistique, intitulée L'Enterrement du tableau-piège5 et également qualifiée de « déjeuner sous l'herbe »6 : un groupe d'une centaine d'amis (parmi lesquels des artistes et écrivains comme César6, Arman6, Pierre Soulages6, Erró5, Jean-Pierre Raynaud5, Catherine Millet6 et Alain Robbe-Grillet5) est convié à un banquet dont les tables, les couverts et les restes sont ensuite enfouis dans une tranchée de 40 mètres5 (rappelant à Spoerri celle où fut jeté le cadavre de son père, avec 13 000 autres membres de la communauté juive de Iași). Un archéologue, Eric Godet, a l'idée de déterrer l'œuvre dès 1987 mais, malgré l'accord de l'artiste, le projet est abandonné quand Godet décide de devenir moine5. L'idée resurgit en 2010 sous l'impulsion de l'anthropologue Bernard Müller : des archéologues de l'INRAP dirigés par le professeur Jean-Paul Demoule mettent alors à jour un tronçon de 6 mètres équivalant à deux tables5 et utilisent cette fouille pour étudier notamment la taphonomie contemporaine6 mais aussi vérifier les témoignages d'époque et analyser les choix gastronomiques des artistes de l'époque5. Le documentaire Le Déjeuner sous l'herbe réalisé par Laurent Védrine raconte le déroulement de ces premières fouilles archéologiques de l'art contemporain7.

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