Rossignol de mes Amours - Le récit

"Life is not what we lived, but what we remember and how we remember it" Living to tell it, Gabriel Garcia Màrquez

À Coline, Eliott,  Élise, Roxane, Léo, Julia, Alicia, Alex, et tous les enfants à venir.

Tell this story to all our little ones, and never, ever forget to set the tone!


Nightingale of my Loves


Ma grand mère s’appelle Libertad Martinez.

Nous étions toutes les deux autour de la table du salon, un samedi, nous attendions des nouvelles de mon grand père, nous étions inquiètes. J’ai sorti mon téléphone, téléchargé une application d’enregistrement vocal et je lui ai demandé de me raconter son histoire et celle de pépé. De mon beau rossignol. Elle a sorti les quatre énormes albums photos, tout y était mélangé, un peu comme son récit.
Entre les coups de téléphone de la famille qui venait aux nouvelles cet après-midi là, voilà tout ce qu’elle a bien voulu me raconter.

Ce sont ses mots.

L'espagne

Entre la guerre d’Espagne et la guerre d’Algérie, on en a bavé.
Moi j’en ai bavé en Espagne.
Mes parents sont partis d’Espagne car en 39 c’était la guerre là bas.

Tallandier/Rue des Archives

A leur arrivée à la frontière pyrénéenne, le 10 février 1939, les soldats républicains doivent abandonner leurs armes.

https://www.lhistoire.fr/guerre-despagne

The 2003 Narón bronze is inspired by a photograph illustrating two separatists attacking the statue of Franco erected in his native village.

https://centre.ch/fr/exhibitions/fernando-sanchez-castillo-


I lived in the house with my grandmother and my father, I was always with my grandmother. One day, my father said to her—Listen, we have to leave. He was treasurer of the Socialist Party. He had made passports to go to Mexico. On his passport, there was his name and that of my brother. On my mother's, he put the names of my little sister and mine. My mother was expecting a baby, she was 8 months pregnant. As I was leaving, my father said to my grandmother — If you want to keep the little one, take her, because she's still with you and we'll be back soon anyway. I wasn't yet five years old and my grandmother said to her — Leave the little one. They didn't have the money for the trip. Eleven years have passed without my seeing them again.

Affiche proposée par C. Fontseré à la FAI de Barcelone durant l'été 36, en réaction aux trop nombreuses affiches UGT et communistes. Cette affiche fût une des plus célèbre de la guerre d'Espagne. Elle fût reprise sur de nombreux autres supports (cartes postale, timbre). Une seule signature : FAI. Un drapeau rouge et noir en fond, mais le paysan porte un foulard rouge et non rouge et noir. Suivant le support de légères différences existent notamment concernant la couleur de la chemise blanche avec des reflets argentés ou bleu. L'affiche existe en deux versions : une en catalan et une autre en castillan.

https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/28141

En février 1936, une coalition des partis de gauche remporte les élections en Espagne et accède au pouvoir. Le gouvernement républicain qui en découle se heurte à l’opposition des courants politiques de droite et d’extrême droite. Une insurrection militaire dirigée par le général Franco plonge l’Espagne dans la guerre civile. En avril 1939, la guerre civile se termine par la défaite du camp républicain. Des centaines de milliers d’Espagnols sont contraints de quitter leur pays. À partir de 1939, à la fin de la guerre civile espagnole et la défaite des républicains, de nombreuses personnes, républicaines pour la plupart, ont quitté l'Espagne franquiste dans une vague d'émigration qu'on a appelée Retirada (retraite en espagnol et catalan), exil ou exode républicain. Les destinations ont été variées, mais c'est la France qui a été la plus choisie, les trois autres grands pays d'exil ou de refuge étant le Royaume-Uni, le Mexique et l'URSS ; dans une moindre mesure certaines destinations comme le Chili, l'Argentine et Cuba. Dès les mois de février et mars 1939, des télégrammes sont échangés entre le gouverneur général de l’Algérie (GGA), le général commandant la division d’Alger, les préfets et sous-préfets qui annoncent l’arrivée sur le territoire algérien de réfugiés espagnols (RFE). Ces émigrés espagnols utilisent différents moyens de transport pour arriver en Algérie : des petites embarcations de pêche, des chalutiers, des goélettes ; ils embarquent aussi sur des cargos de ligne qui transitent par l’Algérie.


Les immigrés espagnols dans les camps en Algérie (1939-1941) Kamel Kateb Dans Annales de démographie historique 2007/1 (n° 113), pages 155 à 175

 https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2007-1


Ils ont pris un bateau anglais. Ils ont séparé les couples quand ils sont partis d’Espagne. Et à moitié de chemin on a dit à ma mère
— Madame vous êtes au point d’accoucher si vous   accouchez dans le bateau, la petite c’est une Anglaise ou alors on vous débarque à Alger.

Et c’est pour ça qu’ils ont atterri à Alger alors qu’ils partaient pour le Mexique.
C’étaient des réfugiés politiques.
Ma mère a débarqué, ils l’ont mise à l’hôpital et après l’hôpital ils l’ont envoyée dans un camp d’internement.
Mon père d’un côté avec les hommes et les femmes avec les enfants de l’autre côté.

Ma mère c’était une femme qui savait tout faire. Elle s’est retrouvée toute seule avec deux petits et celui qui venait de naître,
— Comment les faire manger?

Elle savait coudre, elle ne savait pas lire ni écrire mais enfin elle s’est débrouillée et elle a sorti ses petits de là-bas.
Elle est sortie du camp de concentration avant mon père et ils l’ont envoyée à Blida. À Blida, ils lui ont donné une villa, une villa vide. Elle n’avait rien du tout mais au moins elle avait un toit, la pauvre. Et par les uns et par les autres on lui a apporté un matelas, l’autre apportait un autre truc.
 Et elle a fait son petit cocon là-dedans.

Les réfugiés espagnols dans les camps d'internement en Afrique du Nord

 Anne Charaudeau

https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1992_num_1158_1_1894

As early as March 31, 1939, a letter from the GGA to the Minister of the Interior informed him that the total number of Spanish refugees in Algeria amounted to 5,100 people, to which should be added an undetermined number of individuals who had arrived individually and were housed by their families…. Among the first, 400 embarked on an oil tanker (the Campillo), 723 on Spanish ships, 2,731 on French or English merchant ships, 250 on 9 small trawlers and more than 413 on 4 larger trawlers, etc. .… On June 10, 1939, the GGA estimates are around 5,300 (the department of Oran has 2,140 Spanish refugees: 1,840 in the camps, the others with private individuals; the department of Algiers 3,160 ). When they arrive, they all have passports issued by the Republican administration with visas for Mexico, Cuba or Nicaragua. Those concerned “admit” that these are the only passports they could have to leave Spain (letter of March 19) and that they could only obtain a transit visa from the French consulate.

Leur seul objectif était finalement de quitter l’Espagne devenue inhospitalière pour eux. A priori ils n’avaient nullement l’intention de se rendre en Amérique latine.

Comme dans tout épisode de guerre civile, le flot de personnes contraintes de fuir leur pays n’est pas constitué que de miséreux : un grand nombre d’entre eux ont les moyens de vivre sans aide extérieure. Certains réfugiés possèdent de la monnaie espagnole mais aussi des devises étrangères (pesetas en billets, livres et dollars, de l’or et de l’argent). Les préfets demandent au GGA d’autoriser une banque à faire le change en monnaie locale Parmi les réfugiés, s’il y a des riches et des pauvres, il y a aussi une grande diversité de catégories professionnelles et de niveaux d’instruction. La lettre du préfet d’Oran datée du 26 juillet 1939 donne la liste des réfugiés espagnols ayant des activités qualifiées d’intellectuelles.

Center n°1: 7 officers, 2 doctors, 1 intern, 1 pharmacist, 3 lawyers, 3 professors, 4 teachers, 3 engineers, 3 journalists, 1 writer, 1 student, 2 civil servants. Among the women, 3 are teachers, 4 students, 3 professors, 1 artist and 1 civil servant. Center No. 2: 23 officers, 12 engineers, 25 public health workers, 51 teachers, 6 journalists, 18 justice officials, 64 various professions.

Dans le camp Morand (Médéa) où ont été regroupés les membres de l’armée républicaine, sur la liste nominative sont mentionnés le grade et la profession antérieure à l’intégration dans l’armée La majorité des soldats, officiers et sous-officiers étaient des agriculteurs ou des ouvriers de l’industrie. Il y avait parmi eux 3 médecins, 4 pharmaciens, 7 avocats, 14 artistes et écrivains, 5 ingénieurs, 29 enseignants du primaire ou du secondaire et 48 étudiants. Plusieurs personnes ont déclaré comme profession antérieure « industrielle », sans plus de détails.


Les immigrés espagnols dans les camps en Algérie (1939-1941) Kamel Kateb Dans Annales de démographie historique 2007/1 (n° 113), pages 155 à 175

 https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2007-1


Then they released my father. He became a cleaning man at the Civil Aviation so we gave him food there. When we gave him a piece of bread he put it in his pocket and in the evening he brought it home. He was a career soldier and he wanted to rent as we did before, a piece of land with his military status . So they managed to rent a small two-room apartment with a small kitchen and a small yard. Mom, my mother, she was happy as anything, it was small, but it was their home. I think they stayed good for a year or two. And they stayed there.

January 1933: Adolf Hitler is appointed Chancellor of GermanyFebruary 1936: victory of the Frente Popular in the Spanish legislative electionsMay 1936 to April 1938: in France, government of the Popular FrontJuly 17, 1936: start of the Spanish Civil WarJuly-August 1936: Hitler begins to send the thousands of men, tanks, guns and planes of the Condor legion to Spain1936-1939: Mussolini sends nearly 50,000 men, 700 planes and 950 tanks to fight alongside FrancoSummer 1936: the French and British governments decide not to intervene in SpainOctober 1936: birth of the International Brigades, intended to help the Republican troopsNovember 1936: bombardments of MadridApril 26, 1937: German bombardment of GuernicaMarch 1938: Italian bombardments of BarcelonaMarch 1939: fall of Madrid, Franco's victoryApril 1939: end of the Spanish Civil WarSeptember 3, 1939: start of the Second World War

https://marthagraham.org/portfolio-items/steps-in-the-street-1936/“Steps in the Street”

Premiered at the Guild Theater in New York City on December 20, 1936 as one section of a larger work, Chronicle. The dance was a response to the menace of fascism in Europe. Earlier that year, Graham had refused an invitation to take part in the 1936 Olympic Games in Germany, stating: “I would find it impossible to dance in Germany at the present time. So many artists whom I respect and admire have been persecuted, have been deprived of the right to work for ridiculous and unsatisfactory reasons, that I should consider it impossible to identify myself, by accepting the invitation, with the regime that has made such things possible. In addition, some of my concert group would not be welcomed in Germany” (a reference to the fact that many members of her group were Jewish). “Steps in the Street”, subtitled “Devastation – Homelessness – Exile”, depicts the isolation and desolation that war leaves in its wake.

https://marthagraham.org/portfolio-items/lamentation-1930/

Lamentation premiered in New York City on January 8, 1930, at Maxine Elliot’s Theater, to music by the Hungarian composer Zoltán Kodály. The dance is performed almost entirely from a seated position, with the dancer encased in a tube of purple jersey. The diagonals and tensions formed by the dancer’s body struggling within the material create a moving sculpture, a portrait which presents the very essence of grief. The figure in this dance is neither human nor animal, neither male nor female: it is grief itself.

According to Martha Graham, after one performance of the work she was visited by a woman in the audience who had recently seen her child killed in an accident. Viewing Lamentation enabled her to grieve, as she realized that “grief was a dignified and valid emotion and that I could yield to it without shame.”

https://www.numeridanse.tv/videotheque-danse/la-table-verte

Créé le 3 juillet 1932 au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, La Table verte de Kurt Jooss (1901-1979) reste le plus célèbre ballet du courant expressionniste allemand qui s'est épanoui dans la première moitié du xxe siècle. Fondateur à Essen d'une école où l'on enseigne plusieurs disciplines pour parvenir à un mode d'expression synthétique, Jooss dénonce, dans son chef-d'œuvre chorégraphique, l'absurdité et les horreurs de la guerre à travers une suite de tableaux sarcastiques ou dramatiques, inspirés notamment par les danses macabres médiévales. Pièce qui préfigure la montée du nazisme, La Table verte (musique de Fritz Cohen) s'inscrit dans un courant qui rassemble des artistes aussi divers que Mary Wigman, Valeska Gert ou Harald Kreutzberg. Solos à l'expressivité parfois outrée et danses d'ensembles fortement structurées sont représentatifs de ce mouvement créatif. La Table verte est aussi la pierre angulaire du théâtre dansé (en allemand tanztheater), un genre plus que jamais à l'honneur aujourd'hui, à travers le travail d'artistes comme Pina Bausch.Source : Jean-Claude DIÉNIS, « LA TABLE VERTE (K. Jooss) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 janvier 2014. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/la-table-verte/

Albacete

Et moi, je suis restée avec la grand-mère en Espagne.
Ma grand-mère n’était pas couturière comme ma mère. Mon grand-père était aux chemins de fer.

Título: Albacete, calle de San Agustín. Editorial: [S.l.] : Ediciones Kiosco del Paseo de Alfonso XII, 1925. Descripción física: 1 fot., b/n (coloreada) (tarjeta postal); 9x14 cm. Notas: Circulada en 1925. Signatura: POS 3599

Au tout début, lorsqu’ils étaient jeunes, mes grands parents en Espagne avaient fait un prêt et acheté une petite maison. C’est là que je suis née et quelques temps après ils ont réussi à payer le prêt, ils en ont refait un autre pour un terrain mieux placé. Ils s’achètent le terrain mais ils n’avaient pas assez d’argent pour construire le haut de la maison. Il a fait 3 chambres et une salle à manger. Il y avait la chambre des grands-parents, la chambre de mon père et mon oncle et la chambre de l’autre tante que j’avais et il y avait la cuisine au fond.

Je te dis ces histoires parce que c’est ma grand-mère qui m’a racontée tout ça. Mes grands parents ont alors décidé de finir le haut de la maison et donc de refaire un prêt mais pendant ce temps-là, le grand-père, il a acheté du carrelage, du ciment tout ce qu’il pouvait trouver pour avoir moins cher à payer après.

Il était garde barrière mon grand père.

Un jour qu’il ouvrait la barrière, il y a un Monsieur avec sa charrette et son cheval qui ont traversés la voie mais de l’autre côté, ils n’ont pas annoncé à mon grand-père qu’il fallait fermer car il y avait un train qui passait.
Le train a emporté la charrette et le cheval, et encore le bonhomme, le propriétaire, il a eu le temps de s’en aller et d’échapper à la collision mais mon grand père n’a pas pu supporter l’accident, il en est tombé malade.
Il n’avait pas pu supporter qu’il y ait une erreur même si c’était pas de sa faute. Ma grand-mère a arrêté le crédit qu’ils avaient pris, et le haut de la maison est resté sans être fait.

C’était une grande maison.


Cartel Feria Albacete 1930

Ce soir, 30 décembre 1937

En 1937, l'écrivain Ernest Hemingway part couvrir la guerre d'Espagne pour la presse américaine. De retour à Paris, il raconte sa vision du conflit à un journaliste de Ce soir, venu l'interviewer : « Le grand écrivain américain nous raconte ce que fut la victoire de Teruel. »

https://www.retronews.fr/materiel-pedagogique/2019/03/28/la-guerre-despagne-la-une-1936-1939-une-collection-de-journaux

« Blessé en rentrant à Teruel, un soldat républicain est emmené au poste de secours par un camarade », Ce soir, 30 décembre 1937 - Source : RetroNews-BnF

https://www.retronews.fr/materiel-pedagogique/2019/03/28/la-guerre-despagne-la-une-1936-1939-une-collection-de-journaux

Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas.


Maria raconte à Robert Jordan ce qui lui était arrivé quand les Franquistes ont exécuté les Républicain de son village. Son père, le maire du village, et sa mère tous les deux Républicains, ont été fusillés par les Franquistes. Elle raconte ce qui suit leur mort.

"[...] Nous étions attachées par les poignets, une longue file de jeunes filles et de femmes, et ils nous poussaient sur la colline, à travers les rues, jusqu'à la place. Sur la place, ils se sont arrêtés devant une boutique de coiffeur qui était en face de l'hôtel de ville. Là, les deux hommes nous ont regardées et l'un a dit : " celle-là, c'est la fille du maire " et l'autre a dit : " commence par elle. " Alors ils ont coupés la corde de chaque côté de mes poignets et l'un a dit : " refermez la ligne ". Ces deux là m'ont prise par les bras et m'ont fait entrer dans la boutique du coiffeur, et ils m'ont soulevée pour me mettre dans le fauteuil et ils m' y ont maintenue. Je voyais ma figure dans le miroir, et la figure de ceux qui me tenaient, et la figure des trois autres qui se penchaient sur moi, et je ne les connaissais pas. Dans la glace, je me voyais et je les voyais aussi, mais eux ne voyaient que moi. J'avais l'impression d'être dans un fauteuil de dentiste et qu'il y avait plusieurs dentistes, tous fous. Ma figure, c'est à peine si je la reconnaissais à cause du chagrin qui l'a changeait, mais je la regardais et je savais que c'était moi. Mais j'avais tellement de chagrin que je n'avais pas peur, je ne sentais rien d'autre que mon chagrin. Dans ce temps là j'avais deux nattes, j'ai vu dans la glace qu'un homme levait une des nattes et il l'a tirée si fort que ça m'a fait mal, tout d'un coup, à travers mon chagrin, et il l'a coupée tout près de la tête avec un rasoir. Et je me voyais avec une seule natte et une touffe de cheveux à la place de l'autre. Et puis il a coupé l'autre natte mais sans la tirer, et le rasoir m'a fait une petite entaille à l'oreille, et j'ai vu le sang qui coulait. [...] Donc, il avait coupé les deux nattes tout près de ma tête avec un rasoir, et les autres riaient, et je ne sentais même pas cette coupure à l'oreille, et alors il est venu devant moi et il m'a frappée à travers la figure avec les nattes, pendant que les autres me tenaient, et il disait : " c'est comme ça qu'on fait des nonnes rouges. Ça t'apprendra à t'unir avec tes frères prolétaires. Epouse du Christ Rouge ! " Et il m'a giflée encore et encore avec ces deux nattes qui avaient été à moi, et puis il me les a mises toutes les deux dans la bouche et les a nouées serrées autour de mon cou pour faire un bâillon et les deux qui me tenaient riaient. Alors, celui qui m'avait frappée m'a passé une tondeuse sur tout le crâne ; d'abord depuis le front jusqu'à la nuque, puis en travers sur toute la tête et derrière les oreilles, et ils me tenaient de façon à ce que je voyais, et je pleurais et je pleurais, mais je ne pouvais pas détourner les yeux de l'horreur de ma figure, avec le bouche ouverte et les nattes qui en sortaient, et ma tête qui sortait nue de sous le tondeuse. Et quand il a eu fini, il a pris le flacon d'iode sur l'étagère du coiffeur, ils avaient tué le coiffeur aussi, parce qu'il faisait partie d'un syndicat ; il était étendu devant la porte de la boutique, et ils me l'avaient fait enjamber quand ils m'avaient amenée là, et alors, avec le pinceau du flacon de teinture d'iode, en dessinant les lettres lentement et soigneusement comme un artiste, et je voyais tout cela dans la glace et je ne pleurais plus parce que mon cœur était de nouveau glacé à cause de mon père et de ma mère, et ce qui m'arrivait maintenant n'était rien, et je le savais."



https://masdearte.com/especiales/oscar-seco/

Oscar Seco. Spanish Civil War. Art, 2006

Nous sommes rentrées à la maison. En arrivant elle me dit
— Tu sais ma petite-fille et bien je vais t’apprendre ce que je sais moi.
— Si tu veux.

Moi j’étais toujours bien, j’étais toujours d’accord. Elle m’a achetée un livre, je me rappellerai toujours le livre de lecture et les tables de multiplications. Bref le premier livre d’apprentissage et tous les matins, elle me faisait un petit peu et l’après-midi un petit peu. Ça a duré quinze jours le temps d’apprendre mes premières lettres. Je connaissais tout mon alphabet. Elle me cachait les lettres pour savoir si je me trompais.
Un jour elle me dit
— Maintenant, on va marier les lettres.

Ça veut dire qu’on va les coupler, alors on a commencé à marier les lettres pendant un mois, un mois et demi, après j’arrivais presque à lire correctement et je savais compter, je savais multiplier. Elle n’arrivait pas à me faire faire les divisions. Elle me disait
—Il faut lire

Mais on n’avait pas de livre, on avait rien du tout. Il n’y avait pas de livre à la maison. Et je tombe sur un article de journal sur Paris. Je commence à lire à lire à lire et là je lis, les mots «La tombe du soldat inconnu».
Je demande à ma grand-mère de qui l’article parle, et je ne comprends pas.
Je dîne et je demande pourquoi le soldat inconnu? Alors ma grand-mère me dit.
— Et bien, je sais pas pourquoi il est inconnu.

Ça m’a tracassée tu ne peux pas savoir. J’ai su la vérité quand je suis arrivée en Algérie que j’ai posé la question. Je ne sais pas à qui, et quelqu’un qui m’a répondu, je ne sais pas si c’est mon frère,
— La tombe du soldat inconnu. On l’a faite parce que il y a des restes de plusieurs milliers de militaires donc on peut pas savoir lequel c’est.

Et jusqu’à seize ans, je ne savais pas ce que c’était. C’est ma grand-mère qui m’a appris à lire et à écrire un petit peu.

Dry Oscar

Tony Vidal, 19 juillet 1936

Aspecto que Ofrecía la plaza de Toros de Albacete durante la celebración del Mítin organizado por las Juventudes Socialistas Unificadas, al cual Acudieron Todas las Secciones de la Provincia. 01-09-36

Au cours de la Guerre civile espagnole Albacete fut le quartier général des Brigades internationales et de la Force aérienne républicaine, et à ce titre fut bombardée par la Légion Condor en février 1937. En février 1939, les Républicains s'en retirèrent vers Carthagène avant que les troupes de Franco n'arrivent.

Jose Luis de Arrese en Albacete. La Vieja Guardia. 1939

Je devais avoir treize, quatorze ans. Ma tante me dit
— Tu vas aller prendre des cours le soir. Une heure.

Mais il fallait payer, j’y suis allée une fois, deux fois, trois fois, le maître était content parce que je pigeais vite. Il était content et j’avais tous les petits copains tous ceux qui avaient des sous.

Un jour ma tante me dit
— Ce soir, tu ne vas pas à l’école parce que j’ai besoin de toi.

Bon, ça va, j’y vais pas et le lendemain soir, j’y vais pas non plus. Mais moi, fainéante comme j’étais, je ne cherche pas à savoir pourquoi.

Un soir, le maître vient voir ma tante et lui demande
— Pourquoi vous la laissez pas venir à l’école?

Il voulait savoir si c’est moi qui faisait l’école buissonnière où si c’était ma tante qui m’empêchait d’y aller.
— Parce que j’avais besoin d’elle.
— Mais enfin madame, c’est qu’une heure le soir, laissez la venir!
— Non non non non non, j’ai besoin d’elle.

Elle ne savait plus comment s’en sortir la pauvre. A la fin il l’a tellement taquinée qu’elle lui a dit

— Écoutez monsieur, j’ai pas d’argent, je ne peux pas payer
Lui, il aurait pu être charmant et dire tant pis, un mois, un mois et demi, ça fait rien, qu’elle vienne et qu’elle apprenne mais non. Merci, et il est parti.


Ma tante avait quatre enfants et mon oncle qui n’avait pas de travail et ma grand-mère qui meurt, j’avais treize ans.

propaganda posters; The Unified Socialist Party of Catalonia was born in July 1936, a few days after Franco's coup, as a fusion of socialists and communists. He also led the General Union of Workers (UGT). Here are some of their posters during the Spanish Civil War.

https://agauche.org/2018/03/10/guerre-despagne-affiches-du-psuc-et-de-lugt/

On avait un lit comme on faisait avant, en fer forgé avec tous les ressorts.

Et quand on faisait le lit, il fallait mettre bien la laine parce qu’elle allait une partie d’un côté et une partie de l’autre. On tapote et on tapote et on tapote, je mettais une chaise pour pouvoir être plus grande parce que le lit était tellement haut. Elle, ma grand-mère de l’autre côté et moi de ce côté-là et en tapotant en tapotant, je tape sur quelque chose de dur.
— Oh mais qu’est-ce que c’est ça?
— Non non c’est rien ça, c’est de la naphtaline pour pas que la laine soit bouffée par les mites, d’accord?.
— D’accord.

Je continue, je fais mon lit. Une autre fois, je tombe pas sur une, je tombe sur deux
— Mais c’est rien c’est de la naphtaline je te dis.

Elle me cachait quelque chose. Un jour, elle vient et me dit
— Écoute ma petite-fille, je vais te dire quelque chose, c’est un secret. Tu ne le dis à personne.
— Non non, je ne dirai à personne. Je dis rien moi, je dis rien.
— Tu me promets que tu ne dis rien à personne.
— Non, non je dis rien.

You know when your father left, he was treasurer of the socialist party. He was the one who had the money. When he left he came to see me. “Mother, this money is not mine. I entrust it to you. But if you need it, spend it, and when I come back, I'll answer.


Il a donc donné l’argent à ma grand-mère.


Ma grand-mère avait trouvé des sortes de sacoches, tu sais, comme ils faisaient les vieux avant pour mettre le tabac, elles sont en cuir. Elle en avait trouvé deux comme ça toutes enroulées. Tout l’argent enfermé là-dedans. Et l’autre moitié, elle avait démonté le cadre de la Vierge et elle avait plaqué tout l’argent, et derrière elle avait mis le carton.  


She didn't use the money to eat, it was for her son. He had to return that money.

Femme soldat à Madrid en 1936 par Burnett Bolloten, correspondant de United Press en Espagne pendant la guerre civile de 1934 à 1939


On n’avait pas à manger, on ne mangeait pas, on n’avait pas.
Un soir, on s’est couchée et le lendemain matin, je me lève et je lui ai dit à ma tante.
— Mémé elle ne se réveille pas, elle ne se lève pas.
— Comment elle se lève pas?
— Non non elle ne parle pas, elle ne se lève pas, ma tante.

Ma tante est venue dans la chambre et elle était décédée.
Donc elle est décédée à côté de moi, elle est morte de faim oui, elle est morte de faim.
Elle s’est complètement amaigrie. Et moi, je me suis réveillée et elle était morte à côté de moi.


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Joan Miró, Help Spain, 1937, Museum of Modern Art, New York

Ce soir, 21 mars 1938 (affiche)

« Le martyre de Barcelone » : le reportage photographique du journal couvre le bombardement de la ville par les nationalistes, entre les 16 et 18 mars.

https://www.retronews.fr/materiel-pedagogique/2019/03/28/la-guerre-despagne-la-une-1936-1939-une-collection-de-journaux

Quand elle est décédée je vois mon oncle et ma tante qui commencent à vider la chambre, à sortir le lit, à sortir le matelas. Alors là, j’ai dit à mon oncle
 — Écoute voilà ce que m’avait dit la grand-mère.
 — Ne t’en fais pas, de toutes les façons cet argent là n’a plus de valeur. Ils ont déjà changé de monnaie, ça va aller, on va le sortir et on va le détruire.

 Et c’est ce qu’ils ont fait, ils ont brûlé cet argent.
Ma grand-mère est décédée. J’avais 13 ans.

Mes parents étaient là-bas en Algérie. Je n’avais pas de nouvelles parce qu’il y avait les franquistes. On avait un voisin franquiste à côté qui prenait le courrier de la grand-mère. On est resté des années et des années sans rien savoir. On a vu une lettre ou deux parce que ma cousine avait eu une lettre de mon frère.

Agosto Polaco por Rómulo-Antonio Tenés (Ontur, Albacete 1944)

Et je me félicite d’avoir la mémoire que j’ai parce que tous les détails que ma grand-mère me disait tous les détails tous, je me rappelle de tout. C’est que j’avais cinq ans quand ils m’ont quitté.

J’avais cinq ans.
Bon, c’était la guerre.

Un jour, il y a les camions des militaires, pleins de camions qui arrivent, ils commencent à rentrer dans les portails des cours des maisons.

 Nous avions un couloir très long. Ils rentrent là. Nous avions la petite cour de l’autre côté. La grand-mère et la tante ne dirent rien.

Ils nous remplissent le couloir de fromages gros comme la table. Comme des roues de camions, et des sacs de riz de lentilles, il y avait de tout. L’abondance, la seule chose dont je me rappelle c’est que les camions avaient le toit bleu. Et ils étaient habillés en bleu ça je me rappelle donc je pouvais pas savoir quelle armée c’était ni rien. Ils sont tous rentrés là-bas dedans.
Il a fallu qu’on se cache dans dans nos chambres et qu’on reste enfermée là-bas. Et le lendemain matin, on croyait qu’il allait y avoir quelque chose. On s’est levée il n’y avait plus rien, même pas une lentille par terre. Dans la nuit, ils ont tout emporté, c’était pendant la guerre tout ça.

Poster by Leloup for International Antifascist Solidarity

L’Intransigeant, 5 septembre 1936

Franco interviewed by L'Intransigeant: the special envoy goes to the General Headquarters of the nationalist armies to meet "this 43-year-old general-in-chief, who came from the Canary Islands and landed on Spanish soil three weeks ago".

https://www.retronews.fr/materiel-pedagogique/2019/03/28/la-guerre-despagne-la-une-1936-1939-une-collection-de-journaux

Ma grand-mère, elle est décédée et bien sûr, du côté de ma mère, ils sont venus à l’enterrement.
— Qu’est- qu’on va faire de cette petite?

Ma tante ne dit rien, elle ne répond pas. Il y en a une qui a dit
— Et bien on la prendra une semaine chacun une semaine toi une semaine l’autre

Donc toutes les semaines, j’allais aller avec le baluchon chez l’une et chez l’autre,
— Qu’est-ce que vous en pensez ?

Ma tante, répond
— Moi je ne dis rien. Demandez lui à la petite ce qu’elle veut.
— Qu’est-ce que tu voudrais? Passer une semaine ici une semaine là? Qu’est-ce que tu veux faire toi?
— Moi je veux rester ici chez moi, c’est comme ça que j’ai répondu.

Et ma tante leur a dit
— Et bien écoutez, où on mange trois, on mangera quatre.

Et je suis restée avec ma tante et l’autre tante est repartie toute fraîche là-bas.
Après, je ne l’ai plus jamais vue.
Est-ce que c’était trop de s’occuper d’un enfant? Pourtant c’était un enfant de leur sœur de leur frère. Non, ils n’avaient pas eu le sort de me dire et bien qu’elle vienne à la maison un mois à la maison quinze jours. Donc, je suis restée avec ma tante, mes cousins et mon oncle.
C’est en prenant de l’âge que je me suis demandée, bon Dieu comment ils ont pu faire ça?
Ils ne voulaient pas de moi c’est tout.


On avait faim.

La petite maison qu’ils avaient acheté mes grands-parents, la mairie leur a estropiée parce qu’il fallait passer une route. Ils nous ont donné l’argent et sous forme de coupons. Pour qu’on puisse les vendre.
Mon père avait commencé à faire la demande pour que je puisse rentrer en Algérie. Il a commencé à faire des papiers. J’avais tous les dossiers tout était prêt. On allait vendre ces tickets pour pouvoir partir. Mais moi, je ne voulais pas partir. Moi, j’allais avoir seize ans j’avais les copines, les copains, un petit noyau ou quoi.

Je laissai passer le temps pour valider tous les papiers une première fois. Et mon père et ma mère voilà qu’ils relancent l’affaire une autre fois.

Mon oncle me dit
— Tu sais il faudrait que tu t’en ailles parce que voilà, tu vas avoir seize ans et tu vas être une jeune fille et tu vas être raisonnable.

 Je me suis retournée
— Et bien si vous voulez que je m’en aille et bien je m’en vais d’accord. D’accord, je m’en vais.

Le petit copain, la petite copine tout ce que j’avais, j’ai tout perdu. Je pars pour l’Algérie, je ne connais personne.

J’ai pris l’avion. C’était en cinquante.

ESPAÑA GUERRA CIVIL. Tarjeta Postal editada en Francia y vendida a 0,50 Fr. "POUR LA PAIX CONTRE LE FASCISME SOLIDARITÉ A L'ESPAGNE REPUBLICAINE".

I left on April 14, 1950, I left and it stuck in my head because I took the plane at four forty five and I arrived in Algiers at four forty five. How did that happen?

Ma mère m'a expliqué après quand je suis arrivée.

L'étrangère

They were all beautiful all nice

"But eat, eat!" I was a foreigner, they were all foreigners to me.





J’arrive chez mes parents et le soir ma mère mon frère mes sœurs, tout le monde, se met à table.


My mother before leaving to pick me up had prepared... listen, she had made a soup of asparagus tips. But I don't know how she was able to make the juice, it was like milk and there were asparagus tips and there were tiny bits of mutton that she had sautéed. I say to myself - Is it good or am I hungry? We finish the soup and my mother brings me a huge plate of charcuterie. Of everything you wanted, raw ham, cooked ham, pâté and sausage, a magnificent huge platter. - Come on, eat, eat this, eat, eat! I was eating. And at the end we take out the dessert, there were oranges. There were pears, a bit of everything, and there were bananas and I, I see bananas, I had never eaten bananas. So I said to my mother — Can I eat a banana? — Yes, yes, you can eat bananas! I'm eating my banana, my stomach was full. I was fine, and now is the time to clear the table. On my mother's table, we had a cooler, my father put a block of ice in the morning so that we could preserve the food. My mother prepares the dish and the rest, she puts it well protected, she puts the dish in the well-protected cooler. On the table, there were bits of bread left, bits of that on the table. She picks it all up and throws it in the trash. It's going in the trash!! and my little cousins over there who can't eat. I made myself sick and I said to myself, well, they did that today because I just arrived, but maybe tomorrow there won't be so many.

But, those bits of bread that went away that I saw thrown away, that broke my heart, my little cousins over there who don't have.


Mais c’est que le matin, le marchand posait deux litres de lait chez ma mère. Quand elle rentrait, elle faisait bouillir le lait et quand elle le retirait du feu elle le mettait dans un coin de la cuisine et le couvrait, il était tellement bon, il faisait une crème.

Et le lendemain mon frère se lève pour aller travailler et, à chaque fois qu’il ouvrait la porte, pam pam pam pam pam, ça nous réveillait, moi je trouvais ça tout drôle, et à la cuisine il se servait son bol de lait et il ramassait toute la crème et il partait au travail. Après se levait Milia et je l’entendais crier
— Maman !! Antoine il a pris toute la crème du lait.

C’était le scandale avec la crème de lait et ça, c’était tous les matins.

 Ma mère était la seule qui travaillait. Elle faisait la couture ou le repassage.
Elle faisait pas beaucoup de nettoyage parce qu’elle ne voulait pas. Elle disait «Je ne veux pas faire le ménage pour personne» mais en partant on lui donnait son argent alors, elle arrivait à la maison et ne disait rien. Il y avait ma sœur et moi elle me disait voilà, tu vas aller chercher à manger pour ce soir et pour demain tu prends ça ça ça ça ça. On partait toutes les deux, on prenait un mélange de charcuterie. Alors, il mettait un petit peu de chaque. Il nous faisait payer. Comme si tu disais trois euros, on achetait le pain. On revenait à la maison. Elle faisait à souper et on lui donnait l’argent qui restait, et tous les soirs, tous les soirs, c’était comme ça.
Alors, c’est-à-dire que l’on vivait très modestement. Puisque ma mère nous habillait avec ce qu’on lui donnait. Elle faisait tout, elle coupait les chemisiers, coupait le pantalon mais elle nous habillait bien avec ça. Très modestement.
Mon frère gagnait un tout petit peu, il le donnait à mon père pour qu’on puisse payer le loyer.

My father worked in an espadrille factory, we gave him three or four cents to do the finishing touches because the machine couldn't make the outline of the heel. Afterwards, I found work but I couldn't speak, I only spoke Spanish. My sisters found work with a seamstress. When I arrived, I tuned into the Spanish radio. And I'm going to listen to Spanish and I'm going to listen to Spanish. And one day I say to myself, that's not good! Don't listen to Spanish anymore, switch to French! So afterwards I stopped listening to Spanish and I forced myself to listen to French more, listen listen listen, I understood everything but I couldn't speak. I didn't even mean water. Nothing, it didn't come out. And I come across Grandpa who speaks Spanish, so for me it was great. No, I still learned a lot with him, he was born in Algeria. He was born in Oualidia.


http://www.blidanostalgie.fr/pub-bis.html

Milia was not working. Passi was a seamstress, there weren't two like her. I was twenty when I got married, my wedding dress, she made it. She made the dress entirely. With a confetti, she made me the dress and, each time, we told her but there is only a tiny bit, and she cut, she cut, she reworked.

La rue Abdallah est la rue marchande la plus prestigieuse à Blida. C’est là où se rendaient les familles de Blida, des environs et même d’Alger pour faire les achats de luxe et spécialement les achats pour les mariées. Depuis longtemps, pas mal de magasins étaient gérés par les citoyens mozabite dont la spécialité dans les tissus et habits de luxe n’est plus à démontrer.La plupart des magasins étaient d’une propreté irréprochable et souvent très fournis.

Je ne savais pas parler et en Algérie pour embaucher un autre étranger il fallait être dix français. C’était un magasin comme les dames de France, il y avait trois étages. Ils avaient embauché déjà 3 italiennes.
Donc avec les Français qu’il y avait déjà, ça tombait tout juste le compte.
Je ne sais pas comment il s’est débrouillé le patron. Ils se sont dits et bien on va créer un emploi. On va créer un emploi mais quoi?

Quand tu achetais une paire de bas, ça coûtait cher très cher et comme il y avait un commerce, il y avait déjà la parfumerie, le tissu, la maison. Il y avait le prêt-à-porter, c’était un grand magasin.

— On va aller acheter une machine à Rome et et on prendra la petite.
— Mais moi je ne sais pas faire.
— On vous amène à Alger pour apprendre.


Ils m’ont pris dans la voiture, ils m’ont emmené à Alger. Ils ont acheté la machine et je tombe sur un jeune qui parle Espagnol et qui m’apprend la manipulation. En deux heures, je savais le faire et mon patron, c’était un juif, oui et associé avec le docteur Trigo inventeur d’Orangina.


Orangina est née de la rencontre, à l'automne 1935 à la foire de Marseille, d'un inventeur, le docteur Trigo, et d'un visionnaire, Léon Beton. Le docteur Trigo Mirallès, pharmacien à Valence (Espagne) est l'inventeur d'un procédé permettant de conserver le jus d'orange plus longtemps : son idée consiste à mélanger un concentré de jus d'orange à de l'eau gazéifiée, le tout étant conditionné dans une bouteille granuleuse et ventrue comme une orange, avec, en guise de bouchon, une fiole renfermant de l'huile essentielle d'orange. Trigo baptise son invention " Orangina, soda de Naranjina " (naranjina signifie " petite orange " en espagnol). 
Léon Beton, natif de Boufarik, quant à lui, élabore et commercialise, en Algérie, des huiles essentielles de lavande et de géranium. Il s'intéresse également aux jus de fruit, et se demande comment écouler la production d'orange d'un pays qui se couvre d'orangeraies. " Un jour, se dit-il, nous connaîtrons la formule qui permettra de boire le jus de nos oranges aux quatre coins du monde… " Après sa rencontre décisive avec le docteur Trigo, à Marseille, Beton rapporte la fameuse formule chez lui, à Boufarik, petite ville de la plaine de la Mitidja. Dès sa naissance, la marque est secouée car la guerre d'Espagne et la Seconde Guerre mondiale interrompent son développement.

Tomorrow morning, you come to work. There was a room that wasn't that big but it was full of shelves, I had all the stock of wool in the room, I had a little square left in front of the balcony. They set up a small table for me, a good chair, and they set up the mending machine for me. People came and paid to re-stitch their stockings, they shouldn't be thrown away, it was expensive. And I had calculated that I made three times my pay in the month. And in addition, I was investing in the reserve at the top. There were packages that came in and had to be marked. I went to see the others when I was tired of staying in there, I went out. to stay with the women, I helped them. With all that, I had become very smart, the girls sometimes said to me: — Listen, I want to take Saturday. Do you want to replace me? — Yes, but I'm all alone, what will the boss say? — If the boss comes, tell him I went downstairs or something. — All right. The boss came up once, he saw me in my place, another time he saw me writing on the big board we had, marking the goods. I pretended nothing. The next morning the girl arrived, — He didn't tell you anything? — No, he didn't tell me anything. — Great.


And now I'm getting married. I wanted to have my afternoon because the others took their afternoons and I nothing at all.

De ma propre initiative, je prends mon samedi après-midi et je ne viens pas. Quand on m’a donné la paye, on m’a retiré le samedi, je regarde ma feuille de paie. Je remets tout dans l’enveloppe. Et je tape au bureau du patron, il me dit
— Oui qu’est-ce que vous voulez?
— Monsieur, je vous rends votre enveloppe, parce que vous avez besoin de plus d’argent que moi.

Je lui ai posé l’enveloppe et je suis partie comme ça. Et derrière moi lui aussi il est sorti et il est parti au secrétariat. Et au bout d’une demi-heure, il est monté avec une enveloppe toute faite. Il m’a donné mon enveloppe avec l’argent qui me convenait.

Comment est-ce que j’ai eu le courage de lui dire ça? Je ne sais pas.

 Ah, je me souviens de tous les détails. Et ça c’était à Blida.
 Et j’ai travaillé chez eux quatre ans et demi, cinq ans mais je faisais tout. Quand la facture arrivait, la fille du patron la sortait, et alors on prenait la référence et le prix.

 Un jour, je me retrouve toute seule et il y avait une facture, je regarde la marchandise et il me semble un peu trop haut ce prix. Y a un truc qui ne va pas. Alors, je sonne à la porte du patron et je lui dis
— Monsieur ?
— Oui, qu’est-ce que tu veux?
— Et bien je crois que cette facture, elle est fausse.

Je ne savais pas parler. Ou alors j’étais effrontée.
— Cette facture à mon avis, elle est fausse.
Il me la prends et je sors. Il avait calculé, la fille s’était trompée de plus de la moitié.


Ils étaient deux frères. Ils vendaient les tissus, la bonneterie, la parfumerie, la mercerie et tout le linge de maison. Et au premier étage, il y avait tout le prêt-à-porter pour homme et pour femme. Au troisième étage, on avait la réserve, toute la réserve. Et on faisait tout à la réserve, il y en avait une cheminée. Et par la cheminée, on m’appelait, à moi
— Paquita! Je voudrais une boîte de mouchoirs comme ça ou comme ci!
— J’en ai au rayon!

Je trouvais la référence, ce qu’il fallait, et je mettais dans la cheminée, pour faire passer au magasin

De la parfumerie en haut, on ne pouvait pas envoyer les parfums alors tu me voyais descendre avec mes bouteilles et mes parfums.

At the corner of rue Abdallah is the Draï store with the Boucherie W. Chiche and the Charcuterie Cogny to its right,


http://www.blidanostalgie.fr/Quartier%20du%20marche.pdf

- "Dear little father, I ended up finding "Chez Draï"



http://www.lestizis.fr/Cartes-Plans/

Le Bal

Comment je m’habillais pour aller au bal?
Ma mère nous faisait de belles choses. C’était l’époque où l’on faisait beaucoup de robes, de jupes à fleur juste en bas du genoux, alors ma mère nous faisait un petit haut avec un bout de drap, elle rajoutait une dentelle, on avait tout d’ajusté.

Et j’avais toujours mes talons parce que j’adorai les talons.

https://blidanostalgie.pagesperso-orange.fr/place%20d%20armes.htm

BLIDA
LA PLACE D'ARMES

Pierre PENIN

Ah, qui dira jamais ton charme,
Mon élégante place d'Armes
Ceinturée de beaux arbres verts,
Où nos dix ans, pleins de promesses,
Ont fait jadis mille prouesses.
Au temps joyeux des jeux divers
Quel branle bas, quel tintamarre
Sur un ballon rond qui démarre !
Quels bondissements triomphants
Cris stridents dont l'âme s'allège
Le long des murs du collège
Quand on est tout fier d'être enfant !
Et puis les années s'additionnent.
D'un uniforme on s'ambitionne.
On est conscrit, on est soldat ;
Oh ! chers souvenirs de naguère
Grands gamins on part à la guerre
Et pour la France on se bat.
La vie de Blida continue
Ma Place au bout de l'avenue
Tu demeures chère à nos cœurs
On pense à toi, on te retrouve
Dans notre esprit où l'amour couve

Des pensées de jours de bonheur

On revoit les beaux jours de fête
Les beaux soirs d'entente parfaite
Les drapeaux neufs, les serpentins
Les mille lampes colorées
Qui pendant d'exquises soirées Nous font tous comme des pantins.
Nos vingt ans, dont nul ne se lasse,
Ressuscitent en toi, ma place,
Ma chère place de Blida,
Et tu restes la plus aimée
Dans ta couronne parfumée
Où les oiseaux ont leurs ébats.
Comme une vivante émeraude
Sur ton kiosque où notre cœur rôde
Ton beau kiosque tout ciselé,
Ton palmier balance ses palmes
Dans le matin bleu, le soir calme
Et le firmament constellé.
Ah, ma divine place d'Armes
Pour nous Blidéens que de charme
Se dégage de ton carré !
Lorsque je foule ton asphalte
Mon amour pour toi me dit " Halte "
Je m'arrête pour t'admirer.


Après j’ai voulu une robe jaune et ma mère m’avait fait une robe jaune plissée et j’avais brodé en marron tout le tour du col, elle était belle cette robe.


Afterwards I had, … what did I have, in winter we were a little more covered, oh yes I had a black skirt that he liked very much, with a black blouse and the red vest

Je faisais l’espagnole

Ah il aimait ça !! et j avais toujours, toujours, les souliers à talon. Ma sœur elle ne pouvait pas en porter, son pied partait en avant, elle avait les doigts qui sortaient, ah ce qu'elle râlait !!!


Et moi j’avais toujours le plus haut possible, j’étais sur des talons incroyables

J'étais coiffée, et bien comme tu as vu là, j’avais la permanente et sans permanente je les laissais flous,

I was not made up, nothing at all, my father did not want it.



















We went to the ball and we danced, tango, chachacha, rock-and-roll, but I didn't know how to dance rock. There was the kiosk in the middle and in the kiosk there was the orchestra. There was an orchestra coming all summer and we were dancing in the square, everything was free, there was nothing closed and there were bars that went all around the square and people sat there, they drank, they drank and we danced. It was a healthy life, you see…

On se cherchait, si tu ne voulais pas voir celui là, et bien tu t’en allais de l’autre coté.
Mon père il avait misé sur un Espagnol qui me collait. Il s’appelait Botella.
J’ai dansé une fois avec lui , bouh qu’il sentait mauvais de la bouche, et je pouvais pas et je ne voulais pas, à chaque fois que je le voyais je filais de l’autre coté.
Et je ne voulais pas danser avec lui, il n’y avait rien à faire.

Et le plus beau c‘est que les parents restaient avec nous jusqu’à deux, trois, quatre heures du matin, tant qu’on dansait ils restaient.


Mon père faisait le gendarme, il nous surveillait.

http://www.blidanostalgie.fr/chanson/blida-ville%20d-amour.htm

Il y avait un couple, lui était footballeur dans le club de Blida, ils étaient arabes, et elle, une brune mais belle tu peux pas savoir, et lui il était arabe mais plus francisé, tu vois, et ces deux là ils dansaient le rock comme des Dieux.

Alors quand l’orchestre jouait du rock et bien tout le monde s’écartait pour les voir danser. Fallait les voir.

Le bal c’était les samedis soirs.

We also went to the battle of flowers, Blida wanted to do better than Boufarik there was a kind of competition. Boufarik started and Blida followed.

Il existait deux clubs de foot à Blida, il y avait le club des fils à papas et il y avait le club de tout le monde.
Le club des riches organisait des soirées dansantes, des apéritifs dansants.

Un jour je demandais à mon frère de m’y emmener.

— Bon ben on va vous emmener, mais vous restez tranquilles hein ?

Il rouspétait, il fallait pas qu’on se fasse remarquer.

Nous sommes rentrés dans la salle du haut car en bas mon frère ne voulait pas que nous allions en bas, c’était les «calluros», les gens ordinaires quoi, et mon frère voulait qu’on aille chez les riches.

On y est retourné deux ou trois fois et après on a arrêté parce que la place était trop chère.

Mais il y avait un orchestre formidable, après je les ai vu jouer une fois à la télévision ils sont sel et poivre.
 On dansait jusqu’à dix huit heure trente, dix neuf heures parce-que après, il y avait les autres qui rentraient dans la salle et c’était petit alors…

Après, toute la semaine on travaillait, et on pensait à dimanche.
L’hiver nous allions au cinéma, et, lorsqu’on sortait du cinéma, mon père était là, le gendarme.

L'hiver nous allions au cinéma, et, lorsqu’on sortait du cinéma,

mon père il était là, le gendarme.

The encounter

À ma petite Espagnole chérie,

Liber

E. Martinez

One summer evening when I was bored, I decided with my comrade Robert to go dancing at Mahelma, we filled up the bike with gas, and on the way. As soon as I arrived in Mahelma, I had a slight feeling, there's nothing good here, maybe in Fouka ville we'll have a little better fun. Oh Robert, We're going to Fouka...! If you want. We get on the bike and we leave. The night was cold but we had enough courage to arrive 20 minutes later, we were in Fouka, standing at the entrance of the ball. I did a single dance, no more than my comrade Robert, and we decided to leave when suddenly, two small prey presented themselves to my eyes. Ha ha Robert, here is our guaranteed evening. Quickly I hastened to go and invite the one I liked. I used my spiel, I stuffed her with questions, she didn't know what to answer, she told me she was engaged to a piece of Spanish, I didn't pay attention because in myself I thought it was was bluef. She was quite pretty, she had a way of looking at me that made me fall in love a bit. When the evening was over a friendly goodbye was exchanged, without malice. The next day I can not stay at the ball, a motorcycle accident forced me to return to Boufarik. The next day, here I am again at the ball, She was there, all beautiful, waiting for me, I did two or three dances and paratgeais my evening with my blidèenne. She was very happy that I was close to her, but we had to leave, I offered to see her again in Blida, Goodbye, goodbye. 2 weeks passed; the third I went to Blida with my comrade who had done as much to him as I had. We come face to face with our two little finds, we were taking a walk on the boulevard, a second, but it was late, they had to go back, we were meeting at N.Haroueli. She almost broke my hand she was shaking it. Goodbye my little Lilii and see you soon in Haroueli. It was okay. A few days later, I was going to Masoueli but a friend from Algiers (Josette n°1) was with us and wanted to dance with me at all costs, which did not please my little date, so I refused to dancing with her I could see that she was already a little attached to me because she stared at me with an air of displeasure. I ended the whole evening with her and before leaving I had to kiss her because I was dying to and she didn't want to. But since I'm smarter than her, at the intermission I was going to drop off my motorcycle at her friend Josette (n°2) and at the end of the ball I was going to take it back, that's when I could savor her lips although she was struggling, I gave her another little kiss and I left with my comrade Robert for Boufarik.

Et aujourd'hui nous sommes presque fiancés



Ma petite Lili chérie

Keep this little notebook in memory of the one who loves you


Emile




Le Phénix est distillé avec un soin tout particulier et son arôme exquis en fait un apéritif très apprécié. Suivant une tradition datant du début du siècle, les graines d'anis du Phénix sont distillées dans un alambic artisanal à vapeur, dans le respect des règles de l'art : elles baignent pendant plusieurs semaines dans un alcool extra neutre titrant plus de 90° puis sont versées dans des alambics en cuivre. Tout l'art de la distillation, contrôlée par Moïse Taïeb, est de déterminer la qualité de produit de "tête" et de "queue", à éliminer pour ne conserver que le "cœur" de chauffre, ce cœur qui caractérise le goût, la qualité et le bouquet du Phénix.

A cette époque, pépé était de Boufarik, j’étais de Blida. Alors, il descendait jusqu’à la maison, et il repartait à pied quatorze kilomètres.

Il me mentait parce-que je lui disais
— Avec qui tu t’en vas?
— Il y a mon copain José qui monte sur Boufaric et je pars avec lui.

Tu parles, il partait à pied …
Il venait le mardi, le jeudi, le samedi et dimanche.
Mon père ne voulait pas qu’il rentre dans la maison, il restait dehors.


One year, there was a snowstorm which fell on Algeria, incredible, and, as usual, he had to come and see me.


He knew that my father loved birds, he went to buy two birds, a cage, and he gave it to him. My father was still aware that he could not let him go in the snow, and he let him to return. He slept on the floor in the dining room.

Il était une fois une fille de roi
Au cœur plein de tristesse
Enfermée nuit et jour
Au sommet d’une tour
Elle pleurait toujours
Un jour, prenant son vol,
Un gentil rossignol
Vint dire à la princesse
"Je t’apporte l’espoir"
Et c’est pour le revoir
Qu’elle chantait le soir

Rossignol, rossignol de mes amours,
Dès que minuit sonnera,
Quand la lune brillera,
Viens chanter sous ma fenêtre
Rossignol, rossignol de mes amours,
Quand ton chant s’élèvera,
Mon chagrin s’envolera
Et l’amour viendra peut-être.
Ce soir, sous ma fenêtre
Reviens, gentil rossignol

Le rossignol revint, se posa
Sur la main de la belle princesse
Elle le caressa puis elle l’embrassa
Et il se transforma
En un prince charmant
Qui devint le galant
De sa jolie maîtresse
Et c’est pourquoi depuis
Les filles du pays
Chantent toutes les nuits

On s’est rencontré j’avais oh, j’avais pas mes dix-sept ans encore peut être, et on s’est marié j’avais vingt ans et cinq mois donc tout ce temps là regarde. Pendant deux ans et demi au moins, quatre fois par semaine, il a marché quatorze kilométres au retour pour venir et retourner chez lui, des fois il avait un vélo, mais il partait le plus souvent à pieds.


Quand est venu le mois de septembre la deuxième année, l’hiver allait arriver, il m’a dit
— Tu sais ça me fait mal de passer un hiver encore comme ça sur la route, l’été ça va mais l’hiver...Et si on se mariait?
— Si tu veux mais moi je ne le lui dis pas à mon père, tu lui dis toi.

 Et il a été lui demander ma main,
— Nous avons décidé de nous marier, on ne peut plus rester comme ça.
— Oui oui, ça va d’accord, bien sûr, répondit mon père.

Mais la question n’était pas là, le problème c’est que j’avais vingt ans et cinq mois et la majorité était à vingt et un ans. Il a fallu aller au consulat Espagnol faire une dérogation et qu’ils me donnent la permission de me marier parce-que j’étais mineure. On avait fait tous les papiers, c’est pour ça que j’ai pu me marier à vingt ans et six mois, parce-que je suis née en avril et que l’on s’est marié en septembre.


Et deux ans et demi vierge! Je ne l’autorisais pas à me toucher, déjà que pour m’embrasser c’était compliqué!


Je me suis mariée le 25 septembre 1954 à Blida.


Il était policier. C’était une autre vie.

Il y avait un magasin de chaussure comme celui qu’il y a à Cannes, qui sont tellement chères en face du magasin dans lequel je travaillais.
Il y avait une paire de souliers rouges, une merveille et tout le temps, tout le temps, je passais devant et je voyais ces souliers.
Comme elles étaient tellement chères, elles ne se vendaient pas. Avec ma mère et mon père, il n’y avait pas moyen d’acheter les souliers.

Quand je me suis mariée, la première connerie que je fais c’est d’aller m’acheter mes souliers rouges.


Et je pars chez ma mère et mon père
— Mets ces souliers rouges et tu n’as plus qu’à monter sur les planches! Me dit mon père.
Il me faisait des histoires parce que j’avais acheté ça ou que j’avais acheté ci. Et un jour, je ne sais plus ce que j’avais acheté, je rentre chez mon père et là, rien, il me faisait la tête, tous les soirs il m’ignorait, je descendais à la maison et tous les soirs, je pleurais, je me couchais sans souper.
Pépé un jour me dit
— Je vais aller voir le beau-père et on va voir ce qu’il me dit.
On était déjà marié, il est monté chez le père, il a commencé à lui parler de je ne sais plus quoi.
Pépé lui dit
— Écoutez moi bien, on est marié si elle dépense l’argent bien, tant mieux pour moi, si elle dépense mal, et bien tant pis pour moi, mais laissez la tranquille.

 Et ça a été fini. Oui, il était courageux. Il m’aimait, mais beaucoup, tu vois. Il ne supportait pas que je pleure.

Et mon père, il l’a remis en place.

For the wedding, grandpa's commander had said

- I'm going to give her a present.

- D’accord

 Il n’est pas venu au mariage, il était parti à la montagne mais, quelques jours après je reçois un cadeau, je reçois un réveil comme ça, un gros réveil, très bien, très bien le réveil, très bien,

C'est que pépé quand il a commencé en tant qu’occasionnel dans la police il fallait qu'il prenne le travail la nuit

 Mais qui allait nous réveiller la nuit? Il n' y ‘avait pas moyen de nous réveiller. Rien à faire, le réveil, je le mettais et le réveil sonnait, on ne se réveillait ni lui ni moi. Finalement, on avait une bassine en zing, je mettais toutes les cuillères et toutes les fourchettes de la maison dans la bassine et je mettais le réveil au milieu. Et ça faisait drrrrrrrrrrrrrlllll

but we did not hear him.

So, one evening and two evenings and three evenings we came to get him and the garden gate. It was made of iron, the police officers were kicking it and finally we ended up waking up.

Les vagabonds

And there we were, and from there we went to Mascara, then Tizi Ouzou, from Tizi Ouzou to Boufarik and from Boufarik to Saint-Étienne. We wandered off.


Il était fort.
Nous sommes partis à Bougie.
Un matin il est venu me chercher en me disant
— Ça y est, j’ai trouvé une chambre!

C’était une petite chambre toute petite, tout en bois, les murs, tout en bois. Mais j’avais la jolie fenêtre, j’avais la mer devant moi. Il y avait un lit, il y avait un petit lavabo. Je crois qu’on peut pas faire plus petit lavabo, une toute petite table, on aurait pu mettre quatre chaises et une petite armoire. C’est tout ce que j’avais.

It was a tiny little room, all in wood, the walls, all in wood. But I had the pretty window, I had the sea in front of me. There was a bed, there was a small sink. I don't think you can make a smaller sink, a very small table, we could have put four chairs and a small wardrobe. That's all I had. I was sorting things out, one side for the dishes and the other side for the clothes when he came to tell me — You're not going to the office. — How am I not going to the office? — No, I don't want you to go there. — So how am I going to do it? — We're going to go up to town and you're going to buy a night vase the seal with the lid and all because I don't want you to go to the surgery over there. As he was going to the barracks, he took the shower all right, but I washed myself like cats.

Un jour, les voisins d’en face, un couple de CRS, à tous les deux ils devaient faire au moins deux cent kilos, deux cent cinq kilos, il était énorme et elle, elle n’était pas mieux. On entend crier la femme, mais fort!!.

Elle avait été au cabinet et elle avait passé le pied à travers le plancher.
C’était pour ça que pépé ne voulait pas que j’y aille.

Ils ont eu du mal à la sortir.

On est resté quand même six mois comme ça sans pouvoir se laver ni rien. On était tous les deux et on allait à la mer quand il était libre, on prenait un bon bain et puis après on rentrait. Moi j’étais heureuse. Moi j’étais bien. Je dormais toute la journée. J’étais toute seule, il partait à sept heures le matin, il revenait que le lendemain matin à sept heures, il travaillais vingt-quatre heures et il se reposait vingt-quatre heures. Je m’alimentais avec un café au lait, je ne sortais pas. Quand je savais qu’il allait rentrer, j’allais acheter deux petites côtelettes d’agneau pour chacun, une tomate et voilà notre souper de tous les jours, c’est tout ce que je savais faire.


Ça a duré six mois comme ça là-bas, mais on était heureux, vraiment heureux. Quand il était de repos, on se retrouvait avec toute la bande de CRS, avec les femmes, au bord de mer.

Il y avait une gargote qui nous servait l’apéritif, des eaux de vie.

Lorsqu’on arrivait, on disait
— Cinzano?

Et une fois c’est toi qui paye, une autre fois c’est l’autre, je crois qu’on leur vidait leur stock d’olives. On passait une après-midi là-bas jusqu’au soir. Et le soir, on rentrait chacun chez soi.

 On était heureux, on avait pas d’argent, pas beaucoup, on en avait pas.

And we went from there. I just had to pay for the train that takes us to Oran and from Oran, we stayed with his boss and we stayed with the family for the fortnight, we slept on the floor on a mattress, we didn't have housing, we had nothing and after a fortnight, there is a friend who says to him— Listen, I have a studio but I now live with my girlfriend. If you want, I'll rent the studio to you. It was quite expensive. We take the studio for a month, to relieve this family. In the kitchen, we could not go in twos. There was only room for a pressure cooker and me and that's it. In the bathroom the same, a very small sink, but you could barely sit down. We stayed maybe five or six months.

Ensuite, on trouve une pièce minable, avec un petit lavabo une fenêtre cinquante sur cinquante c’est tout ce que je voyais. Bon ben, on était là. Et c’est là que j’ai commencé à vouloir un bébé, je voulais un bébé, je pouvais pas me mettre dans la tête autre chose même dans la situation dans laquelle je vivais, je ne pouvais pas penser à autre chose. Et juste quand j’allais avoir le bébé, on a trouvé un deux pièces dans une petite maison dans un village à côté, et c’est là qu’il est né Jean-Claude.

On avait l’eau dans la cuisine, le cabinet devant, dehors. comme dans les anciennes maisons.

The Algerian War, also known as the Algerian Events, Algerian Revolution, Algerian War of Independence and National Liberation War, was an armed conflict that took place from 1954 to 1962 in Algeria, a French colony since 1830. , divided into departments since 1848. The culmination was the recognition of the territory's independence on July 5, 1962. As a war of independence and decolonization, it opposed Algerian nationalists, mainly united under the banner of the Liberation Front national (FLN), to France. It is both a double military and diplomatic conflict and also a double civil war, between the communities on the one hand and within the communities on the other. It takes place mainly on the territory of French Algeria, with also repercussions in metropolitan France.

Elle entraîne de graves crises politiques en France, avec pour conséquences le retour au pouvoir de Charles de Gaulle et la chute de la Quatrième République, remplacée par la Cinquième République. Après avoir donné du temps à l'armée française pour lutter contre l'Armée de libération nationale (ALN) en utilisant tous les moyens à sa disposition, de Gaulle penche finalement pour l'autodétermination en tant que seule issue possible au conflit, ce qui conduit une fraction de l'armée française à se rebeller et entrer en opposition ouverte avec le pouvoir. Cette rébellion est rapidement matée.

La guerre d'Algérie présente un bilan lourd, et les méthodes employées durant la guerre par les deux camps (torture, répression de la population civile) furent controversées. Plus de 250 000 Algériens sont tués dans cette guerre (dont plus de 140 000 combattants, ou membres du FLN), et jusqu'à 2 000 000 envoyés dans des camps de regroupements (sur une population de 10 000 000 de personnes). Près de 25 600 militaires français sont morts et 65 000 blessés. Les victimes civiles d'origine européenne dépassent les 10 000, dans 42 000 incidents violents enregistrés.

Le conflit débouche, après les accords d'Évian du 18 mars 1962, sur l'indépendance de l'Algérie le 3 juillet suivant, et précipite l'exode des habitants d'origine européenne, dits Pieds-Noirs et des Juifs, ainsi que le massacre de près de 50 000 harkis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d'Algérie#cite_note-267


Ernest pignon ernest

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Audin


Au départ pépé, il était peintre en bâtiment en Algérie. Et après quand on s’est marié, je lui ai dit
— Écoute l’été tu te crèves à travailler, tu vas pas rester comme ça.
— Oui, tu as raison.

Enfin on avait parlé, on avait discuté et juste à ce moment là, il a une proposition pour passer le concours de la police. Il faisait des missions comme occasionnel dans la police, c’était le début des événements en Algérie. Et au bout d’un mois, un mois et demi, il me dit
— Écoute, s’il faut rester dans la police, il faut passer le concours. Je passe le concours.

En même temps, il y a une dame, je ne sais pas qui elle était qui lui dit
— Monsieur Martinez, pourquoi vous ne présenteriez pas la gendarmerie?
— Je présente la gendarmerie et je présente le concours de la police.

Et là, une cliente de ma mère, son mari était directeur de la Banque de France, lui dit
— Pourquoi votre gendre ne présente pas le concours de la Banque de France?

 Alors pépé a passé les trois concours, gendarmerie, police et Banque de France.
— Le premier que je réussis, je le prends.

C’est la réponse de la police qui est arrivée en premier, la banque l’a accepté et la gendarmerie l’a accepté ensuite.
Il aurait pu avoir deux autres schémas de vie possibles. Avec un certificat d’étude qu’il a c’est tout. Il était intelligent pépé, il écrivait très bien.

 Jean Vimenet, La Guerre d’Algérie (1960-1961). Huile sur toile, 180 x 325 cm, coll. part. © JVSCE, 2019

Principaux événements

    November 1, 1954: triggering of the armed insurrection by the FLN February 5, 1955: Pierre Mendès France, President of the Council, proposes a plan of reforms in Algeria, but, outvoted, is forced to resign. April 1, 1955: Edgar Faure, President of the Council, establishes a state of emergency in part of Algeria. March 12, 1956: the National Assembly votes the law on "special powers" for Algeria. August 20, 1956: Congress of La Soummam where the FLN defines its strategy. January 7, 1957: beginning of the battle of Algiers. May 13, 1958: the Europeans take over the general government in Algiers. Creation of a Committee of Public Safety in Algiers chaired by General Massu.May 16, 1958: demonstrations of "fraternization" between Europeans and Muslims take place on the Place du Forum in AlgiersJune 1, 1958: de Gaulle invested by the National Assembly , with special powers.June 4, 1958: de Gaulle said to the colonists of Algiers: “I have understood you. »September 19, 1958: the Provisional Government of the Algerian Republic (GPRA) led by Ferhat Abbas is formed in Cairo. September 28, 1958: the new Constitution is approved by referendum. 79% yes in mainland France, 95% in Algeria October 4, 1958: birth of the Fifth Republic. October 23, 1958: de Gaulle proposes the "peace of the brave" to the FLN December 21, 1958: De Gaulle elected president of the republic. September 16, 1959: de Gaulle recognizes the right to self-determination of the Algerian people.January 24 to February 1, 1960: week of the barricadesDecember 11, 1960: Large demonstrations for the independence of Algeria and in support of the FLN break out in several Algerian cities and in particular in Algiers and its popular districts. December 19, 1960: The United Nations General Assembly adopts a resolution recognizing the right of the Algerian people to self-determination and independence. April 22, 1961: attempted putsch by former generals Salan, Challe, Jouhaud and Zeller. October 17, 1961: the demonstration of the "French Muslims of Algeria" in Paris is severely repressed. March 18, 1962: signing of the Évian agreements giving independence to Algeria. March 26, 1962: shooting in the rue d'Isly, the soldiers open fire on the Europeans who are demonstrating against the Évian agreements: 46 dead and 200 wounded. 3 July 1962: recognition by France of the independence of Algeria 2.5 July 1962: official declaration of the independence of Algeria.


Il a passé le concours de police à Blida et ils l’ont envoyé à Saint-Eugène à cinquante kilomètres à l’école et il est sorti quatorzième ou quinzième de sa promotion. Malheureusement, il n’y avait que les dix premiers qui pouvaient choisir où ils voulaient muter, alors ils nous ont envoyés à Bougie dans un bled joli.

On est là trois mois, non six mois. Ensuite on a demandé la mutation pour se rapprocher un peu plus de la famille.

 Toute la famille était à Blida et on voulait se rapprocher un petit peu.

— We'll ask for Oran! But Oran, you had to give an address to get it because otherwise you wouldn't get it. - Yes well I have my uncle who lives there, Uncle Andrew. He lives at 8 boulevard Sébastopol. They go to do the paperwork and the transfer request has been accepted. In September, we flee to Oran. We arrive in Oran, we had no place to stay, we had nothing. Well finally. There, it was a terrible period and I wanted to have a little one and moreover, I couldn't have it.

 

Pépé était dans les CRS, il ne voulait pas être CRS lui, il voulait être police nationale, il demande alors une permutation à Mascara.


A Mascara, on a trouvé une pièce minable et on est resté trois mois.

Après trois mois, on a trouvé un permutant, quelqu’un qui voulait partir de Tizi Ouzou et qui voulait revenir à Mascara.
— Tizi Ouzou? Ça me rapproche de cinq kilomètres de chez moi a dit pépé.

Alors on a fait une nouvelle permutation encore.

We arrive in Tizi Ouzou, I am getting pregnant. I had Jean-Claude in Tizi Ouzou. After some time, he makes another switch asking for Blida and Boufarik. He gets the transfer for Boufarik. At Boufarik we had a nice little apartment, we were fine.

TIZI-OUZOU (Capital of Kabylie) Demonstration of May 27

http://cerclealgerianiste2607.fr/Chapitres/


On part de chez le docteur, je pleurais. Et pépé me dit
— Mais ne t’en fais pas, tu n’as pas d’enfant, et bien tant pis, on s’aime tous les deux et on sera toujours ensemble, et puis on aura des petits neveux.
Je ne pouvais pas avoir d’enfants.
J’avais été voir le docteur et encore un autre docteur et je me suis faite opérer de l’appendicite. Et j’en ai parlé au chirurgien. Il m’a dit
— Écoutez, moi je suis chirurgien, je ne peux rien pour vous mais je vais vous donner l’adresse d’un gynécologue. C’est un crac.
— D’accord

Et il me donne l’adresse. Je m’en vais deux, trois jours après avec pépé. On va voir le gynécologue, on arrive là-bas. Il m’examine tout bien, tout, et je ne sais pas, il s’adresse à pépé et lui dit
— Vous savez elle n’aura jamais d’enfant. Elle a une matrice d’une enfant de dix ans. C’est le résultat des petites femmes, ça ne sert à rien.

J’habitais dans une maison. Et la voisine d’à coté, son mari travaillait avec pépé, elle venait d’avoir un petit garçon.
Je n’allais pas voir le petit.

Il y avait une buanderie pour laver le linge juste à coté de la porte d’entrée, je m’en vais faire mon linge et juste là sa belle-mère qui arrive
— Madame Martinez qu’est-ce que vous faites?
— Je suis en train de faire ma lessive.
— Et alors il n’y a pas de bébé?

Je lui dis ben non, et je lui explique ce que m’a dit le docteur
— Il faut pas que vous restiez avec un premier avis. Écoutez, moi j’ai mes trois belles filles, ils vont chez le docteur Solal. Il est formidable je vous assure qu’il est très bien, allez le voir et vous allez avoir un bébé.
— D’accord, d’accord.

 Mais cette femme-là avait un cancer au sein et à cet âge-là, tu sais le cancer pour le soigner, il y a 60 ans... Bon Je m’en vais chercher pépé en autocar et je lui ai dit, écoute ce qu’elle m’a dit Madame Casada et je lui raconte.
Alors pépé me regarde, il me dit
— Attention, on va monter voir le docteur mais tu vas encore pleurer
— Bon d’accord, mais je veux le voir.

Le lendemain, on monte c’était un vendredi.
Et je rentre là-bas dedans à l’hôtel Martinez en Algérie oui, il y avait l’hôtel Martinez et un grand escalier pour monter au cabinet. Il me reçoit, c’était un bonhomme.
— Oui Madame qu’est-ce qui vous arrive?
— Et bien je veux avoir un bébé, je n’y arrive pas. Et puis ça ne vient pas.


Il me prend par les épaules et il me dit
— Écoutez j’ai deux accouchements d’urgence là et je m’en vais vite vite. Je ne peux pas m’occuper de vous mais venez mardi, on fera ce qu’il faut.
— Bon ça va.

Le mardi après-midi, j’attends pépé à la gare et je monte avec lui. On monte en haut, il me met dans une petite pièce et par voie naturelle il me passe un drain. Une petite machine, qu’il déclenche.
Et il dit à l’infirmière
— Faites attention à la dame.

 La machine s’arrête. Et lui, il arrive il la débranche
— Donnez la main à la dame et demandez lui s’il y a quelque chose qui ne va pas.

Ça a duré très peu de temps, je vais pour m’habiller. Je mets ma jupe et là je sens une douleur à l’épaule gauche.
— Où est-ce que vous avez mal?
— J’ai mal là, mais c’est juste l’épaule.

 J’ai attaché ma jupe. Elle sort avec moi, elle va au bureau.
Alors, le docteur me regarde et me dit.
— D’accord. Bon et bien vous aviez les trompes bouchées maintenant, vous ne les avez plus. Ce soir vous ne faites rien mais demain vous commandez bébé.
 Vous commandez bébé ...

Écoute Sophie, j’ai eu mes règles le treize avril. Il m’a fait le souffle le vingt huit mai. Et le treize juin, j’ai pas eu mes règles.

http://www.blidanostalgie.fr/la vie quotidienne 54-62/carnet noir/CN-54-62-.htm#1954

I go to look for grandpa at the station and he waves to me through the window, I tell him no that I haven't had my period. The next day for three days, I didn't see them coming. Well well, that's good. One morning, he gets up and makes his coffee to leave. He comes to kiss me, that smell of coffee! She made me nauseous. And I stayed like that for a month and I went to see the doctor again, who told me — Yes, that's it, you're pregnant. And you're going to have your baby between ten and fifteen. He was not mistaken on March twelfth I had my baby. And the other doctor, he made me miserable. And I had gone to see that one only to obey that woman because I felt she was so sick. I wanted to obey him because she was an old lady and lo and behold, I had my little one. One day, I went back to see this doctor and he said to me— You are going to give birth without pain. - No no no no no I want to give birth normally - You will give birth normally but without pain. I enter this room, there were nineteen pregnant women in a large room. There were armchairs, we weren't on the floor and there was a sofa. The pillow head on one side and on the other side there was a planted candle. So the midwife, she was Moorish but she was beautiful. She was nice. So the midwife said to me— That's normally when you give birth, you shouldn't be touched. You should give birth normally, it should come gently without pressing, without anything at all. You're going to lie down and when you get up you're going to blow out the candle. It was for me to blow out because when you get up to blow out, you're pressing down on your baby yourself. Sometimes I got there and sometimes I couldn't.

Après, il nous expliquait
— Il faut que la tête passe par en bas et votre col, ça fait treize centimètres.

Il nous expliquait tout l’accouchement lui ou la sage-femme. Je ne me rappelle plus comment elle s’appelait. Elle était mignonne, mignonne et gentille. Il arrive la date d’accoucher. Le docteur dit à pépé
— Amenez-la à Sainte-Anne.

Mais c’est qu’il n’y avait plus de place, les dix neufs femmes qu’on était, on avait décidé d’accoucher presque toutes en même temps, le pauvre bonhomme, il ne savait plus où mettre la tête.
— Bon emmenez-la moi à un autre village à côté.

Et je suis restée sur la table de dépassement parce qu’il n’ y avait plus de chambre. Ils ont attendu qu’une chambre se libère pour me la donner. Alors à un moment donné l’infirmière vient, m’amène à la table de travail, s’assoit devant moi et mange une orange. Elle me dit comme ça
— Vous voulez manger une orange avec moi?
— Non non, je veux pas une orange.
— Ne poussez pas parce qu’on est pas loin des cheveux.

Moi j’avais demandé à être accouchée par le docteur. Je voulais que ce soit lui qui m’accouche.
 — Ne bougez pas et prenez un petit peu d’orange avec moi.

Finalement, je me vois le docteur arriver Sophie. On ne voyait que les yeux il était tout habillé de la tête aux pieds en blanc.
— Allez, qu’est-ce qui se passe Madame Martinez? C’est le moment d’éteindre la bougie!

J’avais pas poussé deux fois que c’était bon, il a pris le petit bébé, et il m’a dit
— Vous avez un petit garçon.

Il me le portait comme un lapin pour me le montrer et je lui dis comme ça
— Habillez-le en rose!

I had bet with grandpa that it was a little girl So he looks at me and he says - Well I'm sorry Madam, but all the babies I have given birth to I dress them in white. He had opened the suitcase and seen that I had yellow, pink, blue and white and he dressed it for me all in white. He left the bedroom and gave the baby to my mother, he came back to me and he said— Is the lady in the room your mom? How beautiful she must have been when she was young. - Yes, it's true, she was very beautiful. And that's how I had my baby. My baby was not handsome, he had hair on his nose. I had difficulties because as I had no one around me to tell me what to do, I listened to each other. , I guided myself. They wanted me to feed him but my milk wasn't good so he wasn't getting fat. I wanted to take him to the doctor. The doctor said to me— We're going to put him on a bottle and we're going to give him Modilac because it's the milk that most closely resembles that of the mother. I go out to Oran, I go get my Modilac, I buy the bottle of Evian at the pharmacy because there isn't one and I take my bottles, I go home and I prepare the milk for him. I wedge it well, but Monsieur didn't like milk. I taste the milk and it's true that it was not good so I put a pinch of sugar in it and there he drank the whole bottle. But, I was told that it was not good to give them sugar to the babies.

Il était pas beau mon bébé, il avait des poils au nez.

J'ai eu des difficultés parce que comme j'avais personne autour de moi pour me dire ce que je devais faire J'ai écouté les uns et les autres, je me suis guidée toute seule, on a voulu que je lui donne la tétée mais mon lait n'était pas bon donc il grossissait pas. Je voulais l'emmener chez le docteur

Le docteur me dit

- we are going to put him on a bottle and we are going to give him modilac because it is the milk that most resembles that of the mother.


Je sors à Oran je vais je vais chercher mon modilac, j'achète la bouteille d'Évian à la pharmacie parce que il y en avait pas et je prends mes biberons et je vais à la maison et je lui prépare le lait. Je le cale bien, mais monsieur il n'aimait pas le lait. Moi je le goûte le lait c'est vrai qu'il était pas bon alors je lui met pointe de sucre dedans et là il a bu tout le biberon.

But I was told that it was not good to give them sugar to babies.




Un jour, la femme du Commandant de pépé lui demande
— Et comment il va ce bébé ?
— Il va bien, mais ma femme a des soucis pour le nourrir, le petit ne grossit pas, le lait il ne le veut pas.
— Monsieur Martinez, il y a un pédiatre qui vient d’arriver de métropole, de France, il est formidable.
— Donnez-moi le numéro de téléphone, je vais appeler on va aller le voir.
— Moi je vais l’appeler pour vous.

En ce temps-là, on pouvait pas aller téléphoner quand on le voulait, la femme dit à pépé
— J’attends que mon mari soit au bureau et je descends téléphoner.
— Ça marche.

Et elle a téléphoné, on lui a donné un rendez-vous pour deux jours après.
Il m’emmène avec le petit tout bien habillé. Le docteur était très très expressif, il claque les portes voilà qu’il pousse les chaises et il me dit
— Mais qu’est-ce qu’il a ce petit?
— Ça fait quatre semaines et il a pas pris un gramme. Il n’a pas grossi c’est pas normal et je lui donne le lait, je donne du modilac mais il en veut pas, il faut que je rajoute du sucre.
— Malheureuse! il ne faut pas mettre du sucre.
— Bon ça va. Je voudrais lui donner le biberon pour qu’il continue.
— Oui Madame, mais quel lait vous voulez lui donner?
— Je veux lui donner le Guigoz. Mais docteur, mon petit il a une boule là. Et le docteur qu’on est allé voir m’a dit qu’il a une hernie et qu’il fallait lui mettre une gaine, j’ai couru toute la ville d’Oran et j’ai pas trouvé de petite gaine pour lui.


He looks at it, he puts it on the board and he massages the little lump he had. - It's okay, that's it, there is no more ball. He had a testicle that had remained raised, everything is fine. Alright, you can dress it up. You are going to feed it and you are going to add thirty grams of red meat to it every day. With its small vegetables it barely makes a tablespoon.

— Comment je vais faire docteur?

— Débrouillez-vous!

Il m’a répondu sur un ton sec.
— Et vous lui donnez un poireau, une carotte , ou une courgette et trente grammes de viande, pas plus pas jour.

Mais comment je vais faire moi? J’avais pas de mixeur, j’avais rien. On rentre à la maison, j’achète le Guigoz le matin et je lui donne son premier biberon de Guigoz. Il le boit impeccable et je me prépare à lui donner à manger le midi, je l’habille et je m’en vais chez le boucher. Le boucher me connaissait bien
— Alors qu’est-ce que je vous donne aujourd’hui?
— Je ne sais pas, j’ai un problème.
— Quel problème vous avez?
— Le docteur m’a dit hier qu’il faut que je donne au petit trente grammes de viande rouge tous les jours et je ne sais pas comment je vais faire pour le lui faire avaler.
— Ma petite dame. On va arranger ça, et vous qu’est-ce que vous voulez?

J’avais pris des petites côtelettes. Il rentre au fond du magasin et il revient avec un dé à coudre de viande comme ça, il se met dans le coin où il travaille la viande et me le coupe tout petit petit, il coupe et coupe, il me fait ça tout bien. Et il me le colle dans la viande que j’avais achetée, je rentre à la maison. Je coupe mes carottes fines fines fines parce qu’il fallait les écraser aussi à la fourchette. Bon, j’arrive à le faire et après la viande, je peux pas lui donner crue, je vais la mettre dans un coin de la poêle. Je la saisis et je fais une cuillère à soupe comme ça et je prépare un verre d’eau à côté avec une cuillère.

Le docteur m’avait dit qu’il fallait lui donner une cuillère d’eau pour lui faire avaler tout ça. Je commence à lui donner à manger. Je lui donne une toute petite bouchée, il me la rejette, une deuxième, pareille, qu’est-ce que j’ai souffert pour lui donner, j’ai mis une heure trente je crois et j’ai réussi à lui faire avaler ça avec un verre d’eau. Le lendemain ça n’a pas été mieux et le troisième jour, pépé arrive le soir et je lui raconte.

Il en parle à la femme du Commandant.
— Monsieur Martinez, il faut lui mixer la viande au petit!
— Je sais qu’il faut mixer mais je ne peux pas acheter le mixeur.
— Je vais vous acheter le mixeur et à la fin du mois, vous me le paierez.

 Bon, il s’en va. Il m’achète un Moulinex. Tu sais, le bol, il était assez costaud, il arrive à la maison avec ça, je lui dis
— Mais pourquoi tu as pris ça, tu sais bien qu’on a pas de sous comment on va faire?

Alors il m’explique que c’est la femme du commandant qui lui a avancé les sous.

Le lendemain, je vais à la boucherie. Je fais comme si rien n’était, je ramène tout à la maison, ce petit bout de viande et ces trois petits légumes, je les mets dans le mixeur mais ça se colle tout en bas du bol, mais enfin, ça avait bien marché sauf qu’il n’y en avait pas assez. Alors, je défais le bol et avec la cuillère, j’ai tout ramassé. Là, j’ai commencé à lui donner et puis il a apprécié, il a commencé à manger à manger à manger.

C’était parti et je l’ai ramené chez le docteur quinze jours après, il avait grossi de huit cent grammes, ça allait bien, il me dit
— Continuez et dans un mois je vous revois je dois lui faire des vaccins, on se revoit et je vous changerai le menu d’accord?

J’ai continué et il a bien grossi, il était beau il était pas gros, il était plein, et puis sa peau elle était belle, impeccable.

Alors après je l’ai amené et il m’a dit
— Vous lui donnez la viande, du jambon et du gruyère. Mais vous donnez un maximum de viande, le jambon et le gruyère de temps en temps. Et vous lui donnez la carotte, la courgette, le poireau, vous rajoutez deux petits haricots verts pas plus et vous continuez comme ça. À dix heures vous lui donnez un jus d’orange à la cuillère et à midi vous lui faites une compote de poire ou de pomme.

Alors je prenais la poire et je la mixais ça me faisait une petite compote comme ça, il me mangeait ça impeccable. Un jour je donnais la pomme et un autre jour, je donnais la poire et l’après-midi je lui donnais un petit-suisse pas plus, où bien des biscuits à la cuillère mouillés avec un petit peu de lait un petit bout de banane écrasée.

Il était magnifique à 3 mois.

J’ai vu la guerre d’Algérie, il y avait des familles qui avaient des enfants de vingt, vingt et un ans, vingt-deux ans qui sont partis au régiment qui faisaient peut-être quinze jours et qui ne connaissaient pas ce que c’était que l’armée et on les envoyait en Algérie. Il y en a qui sont revenus et il y en a qui ne sont pas revenus, peut-être que deux mois, un mois et demi après on les ramenait entre quatre planches.

Parce qu’il n’y avait pas la haine pour l’arabe ou pour l’autre, c’était global tout le monde payait et c’est ce qui est arrivé ici. C’est qu’il y avait ces petits soldats qui ne connaissaient rien et qu’ils mettaient carrément dans les fronts comme ça.
On avait une petite loggia qui donnait face à l’hôpital.
Un jour pépé me dit
— Il faut que je mange, que je prenne la douche car il faut que j’aille à l’hôpital passer ma visite médicale.

Ils avaient une visite régulièrement pour les poumons et ils étaient très suivis. Donc il s’en va à l’hôpital et en attendant que ce soit son tour il se fait la balade dehors. Il passe devant une grande fenêtre et il se trouve avec le corps des petits soldats tous alignés. Et d’autres soldats étaient en train de les laver de leur faire des pansements de tous les habiller pour les expédier en France.

Pépé il est revenu il était blanc, il était blanc.

Alors d’un côté, je les ai compris, j’ai compris qu’ils avaient la haine. C’est pour ça qu’ils nous en voulaient en France. Moi je l’ai toujours dit à pépé que c’était pour ça. Après, il y en a qui oublient et il y en a qui n’oublient pas mais celui qui a perdu un enfant et ils ont perdu beaucoup beaucoup beaucoup d’enfants, des petits soldats qui arrivaient et qui connaissaient rien. On les envoyait directement à la montagne. Moi je l’ai compris comme ça, peut-être que les autres ne les ont pas compris pareil. Bien qu’en Algérie, il y ai eu beaucoup de tueries et des choses terribles terribles terribles.

And the fact that grandpa couldn't sit still somewhere that we changed places. We knew him without knowing him. You see, he did all the jobs and we knew him a little bit but not fixedly. The last arrival, they told him you're not leaving, you stay with us. And he said of course, I stay with you where you want me to go. I am very well here and two hours later we took the car, we got out, because otherwise we would take it down too. It was a dirty war for eight years, we had a hard time. And I was always scared, and I saw him leave, he put the key under the door. Luckily he was coming back, we experienced it because we were young but still. anyway... And here it is with the diplomacy of grandpa and well he did what he wanted, he was where he wanted and it went everywhere. The only thing that interested him was his family, he is nice to the rest of the world and everyone finds him nice. If we asked for a service, he was there, if he could do something, he did it. He was a diplomat.

Le départ

Et c’est là qu’un beau jour, on reçoit une lettre du ministère en nous disant, on vous donne onze heures pour partir. Alors, on a mis quatre chiffons dans une valise, on a mis la clé sous la porte, et on est parti. On a tout laissé là-bas.

In July 1962 Europeans "pieds-noirs" refugees in the port of Oran waiting to embark for France while Algeria proclaimed its independence since the referendum of self-determination of July 1, 1962

https://www.sudouest.fr/archives/portfolios/histoire-le-19-mars-1962-marque-la-fin-de-la-guerre-d-algerie-1722851.php

PARIS-MATCH

A reporter from Paris-MatchOran: They are shooting at us! by Serge Lentz text taken from Paris-Match n°692, July 14, 1962 July 5. 11 a.m.


Le sirocco s’est levé, depuis quelques minutes et, bien que nous roulions sur la route de Tlemcen à Oran à plus de 100 à l’heure, l’air qui nous fouette est brûlant. A la sortie d’un petit village écrasé de chaleur, nous sommesarrêtés par deux soldats de l’ALN qui portent des mitraillettes tchèques en travers de la poitrine. Lun d’eux s’approche, entre sa tête dans la voiture et avec un grand sourire nous serre la main à tour de rôle; nous repartons.12h20 -Dans les faubourgs d’Oran, autre barrage. Brusquement, il n’est plus question d’amabilité. Un soldat de l’ALN ouvre ma portière avec violence, et me fait littéralement tourbillonner hors de la voiture. Là, il me pose sa mitraillette sur le ventre pendant qu’un autre me fait lever les bras et me fouille de la tête ( aux pieds. Mon collègue Biot, se fâche: -Enfin, qu’est-ce qui vous prend ? Nous sommes journalistes. Aussitôt, changement d’attitude. La mitraillette s’abaisse: -Il y a eu des coups de feu devant la mairie m’explique le soldat. Il y a beaucoup de blessés et beaucoup de morts; ça tire encore en ce moment. Nous sommes stupéfaits. Je demande: -Oui a tiré ? – C’est l’OAS, bien sûr. Au loin, nous entendons crépiter des coups de feu ponctués d’explosions. . 12h50 -Nous roulons au pas. Notre hôtel n’est qu’à 500 mètres, mais il me semble qu’il nous faudra des heures pour y parvenir. Autour de nous, des soldats musulmans embusqués dans les porches des maisons tirent à l’aveuglette. .12h55 -Nous embouchons le boulevard du 2e Zouaves. Une mitrailleuse lourde se déchaîne, puis une autre. Nous restons paraIysés. Puis, brusquement, je réalise et je me mets à brailler: -Mais, bon sang, c’est sur nous qu’ils tirent! -Marche arrière, crie Biot. La voiture bondit en arrière dans un hurlement de pignons. Nous virons à toute allure, en marche arrière. Je bloque les quatre roues, moteur calé. Nous nous précipitons vers un porche. Tout cela n’a pas duré plus de cinq secondes. Nous n’avons pas le temps de souffler. -Haut les mains ! Nos bras jaillissent vers le ciel. Je crie: -Nous sommes journalistes. Lautre (un ATO à mitraillette) se fige aussitôt et nous exécute un irréprochable «présentez armes».13h -L’ATO est monté sur le capot de la voiture et nous dirige vers le Commissariat central: -Là-bas, vous serez en sécurité, dit-il. En fait, à peine arrivés, nous nous retrouvons tous à plat ventre sous les balles qui viennent d’on ne sait où.13h20- Nous avons trouvé refuge dans une caserne de zouaves… Un cadavre est écroulé devant la porte de la caserne. C’est un musulman que d’autres civils musulmans ont poursuivi jusqu’ici. Avant même que les zouaves aient eu le temps d’intervenir, le malheureux a été abattu d’une balle de revolver, puis achevé à coups de crosse et à coups de couteau. Le corps n’a plus rien d’humain. La tête est à moitié arrachée.14h -A l’abri dans la caserne, nous montons sur la terrasse et, à la jumelle, nous regardons ce qui se passe: les voitures fouillées, les ambulances de la Force locale qui passent, hérissées de mitraillettes. Vers le quartier Saint-Eugène, un vacarme énorme se déclenche. Mortiers, grenades, mitrailleuses lourdes, tout y passe. Une demi-heure plus tard, on tire toujours à Saint-Eugène. De notre côté, les choses semblent calmées. A la jumelle, je vois deux soldats français fouillés par des civils musulmans en armes.

15h -Un capitaine qui commande un détachement de zouaves a réussi à faire libérer les Européens retenus prisonniers par les ATC au Commissariat central.

15h15 -Je vois une longue colonne d’Européens qui remontent la rue, plus de quatre cent. Les visages sont durs, fermés, certains tuméfiés. La colonne est silencieuse. C’est un spectacle poignant. A 15h30, les tirs se sont tus.

17h30 -Les rues sont désertes. Le lendemain, on cherche des explications. Quel est le bilan ? Comment la fusillade a-t-elle démarré ? Sur les causes de la fusillade, il court deux versions différentes. On parle, bien sûr, d’une provocation OAS, mais cela semble peu vraisemblable. Il n’y a plus de commandos, ou presque, parmi les Européens qui sontdemeurés à Oran… On parle aussi de règlements de comptes politiques entre musulmans. Or, on raconte en ville que, durant la nuit du 5 au 6, nombre de musulmans ont été collés au mur en ville arabe et fusillés. On ajoute que parmi eux, il n’y avait pas que des pillards. Ceci tendrait donc à confirmer la thèse du règlement de comptes. Peut-être s’agit-il tout simplement d’un coup de feu lâché par inadvertance ou par enthousiasme par l’un de ces nombreux jeunes musulmans qui étaient descendus en ville avec un revolver passé dans la ceinture ? Déjà au soir du 1 er juillet, on dénombrait un grand nombre de morts et de blessés en ville musulmane, morts et blessés simplement victimes de fantasias.

What is certain is that this shooting was the result of a crisis of collective hysteria during which the shots went off in all directions. Another element is the fact that fifteen European corpses which are in the civil hospital of Oran, thirteen do not bear bullet wounds, but were killed with a knife. As for the toll of dead and wounded, we will never know for sure what happened. The Muslim victims were immediately taken to an Arab town and, as the Koran prescribes, buried the same day; it remained impossible to make an exact count of the victims…

Ed. If the shots can be the undeniable sign of shootings against houses or vehicles or executions of Europeans, the sounds of heavy weapons, such as mortars or machine guns, cited by several testimonies, concern something else... We know that French army guard posts, such as that at the train station, responded to attacks by some Muslims; there is no evidence that they used heavy weapons, which they were not armed with. If there were settling of accounts between factions of the ALN, or between the ALN and uncontrolled bands, the Algerian authorities were careful not to comment on it...

 l’agonie d’Oran tome II, pages 147 à 149

http://mdame.unblog.fr/2010/08/09/le-5-juillet-1962-article-de-paris-match-n692-du-14-juillet-1962/



We saved your father's bike, we took the car and we went to Algiers. In Algiers, we were lent an apartment to spend the night and the next day was July 4, 1962. It was independence. From the balcony where we were, we could see a tide of Arabs coming down the street . An unimaginable thing, it looked like a river and we had to go to the port. — Where are we going to go? how will we be able to do it? Me, I had twenty-two-month-old Richard in my arms, and granddad, he had a small suitcase and was holding your father by the hand and we slid down the wall. We had our boat the same afternoon. Arriving at the port I said to myself that now we were saved. Grandpa will find out about the departure and said to me - Our boat is not leaving because it is requisitioned for something else.

http://algerazur.canalblog.com/archives/2017/06/28/35426054.html

They were waiting there, sitting on crates, surrounded by old suitcases, bundles, baskets, sometimes small handmade wooden frames, stifling in the summer heat, hoping for a sign, a last-minute order, someone who would say to them, “Get on board! ".

De Gaulle avait donné l’ordre au gouvernement français de ne pas utiliser les navires de guerre pour abréger leur attente et, sur son ordre, le gouvernement avait refusé l’offre de compagnies de navigation étrangères qui souhaitaient apporter leur aide.

Il était allé bien plus loin en demandant aux compagnies de navigation, la Transat, la Compagnie de Navigation Mixte et la Société Générale des Transports Maritimes, de réduire le nombre de rotations hebdomadaires (il y en eut 16 en février, 7 en mars et seulement 3 en avril) afin de ralentir le rapatriement et d’empêcher une arrivée massive de Français d’Algérie.

Air France and Air Algérie flights were also halved. This policy of abandonment, totally programmed by the Head of State, has cost hundreds of human lives.

Peu lui importait qu’ils soient massacrés sur place, sur les quais.

Fortunately and very courageously, against the orders received, the captains of some boats accepted many more passengers than the maximum authorized limit. Thus the "Jean Laborde" of the Messageries Maritimes left the quays of Oran in the direction of Marseilles with 1,430 passengers instead of the 420 authorized.

Ce fut le cas dans tous les ports d’Algérie avec les « Ville de Bordeaux», « Ville de Tunis», « El Djezair » et surtout le « Kairouan » qui battait tous les records avec plus de 1 900 passagers sur une capacité de 1 172 places.

The “Cambodia” had a capacity of 440 passengers. As a gunfight broke out on the docks, causing several casualties, the captain allowed 1,233 people to board.

Le « Lafayette » en avait pris 1 200 et le « Kairouan » 2 200.

The captains and crews of these boats had an exemplary and patriotic conduct, against the orders of the government and the Head of State, and they saved hundreds of human lives.

Alors que la France abandonnait à la furie sanguinaire du FLN et de l’ALN des milliers de citoyens français, l’Espagne envoyait plusieurs navires civils et deux navires de guerre pour aider le départ des Oranais (il est vrai qu’en 1962 les Martinez, Gomez, Fernandez, Lopez et autres Segura n’étaient que des Français…d’origine espagnole. Ce qui n’était pas le cas lorsqu’ils versaient leur sang pour libérer la France lors des première et seconde guerres mondiales).

Le 27 juin, deux navires de guerre espagnols se présentaient à l’entrée du port d’Oran dans le but de transporter le maximum de Français d’origine espagnole vers la péninsule ainsi que les derniers partisans de l’OAS.

General Katz, a military official, on the orders of the French government, forbade them to enter the port under the absurd pretext "that we didn't need them".

Ces deux navires de guerre ont récupéré plus d’un millier de personnes qui avaient réussi à se rendre « par leur propre moyen » à la limite des eaux territoriales.

Des CRS ont voulu monter à bord afin de contrôler les identités mais les capitaines de ces deux navires de guerre leur en ont interdit l’accès : « Vous êtes ici en territoire espagnol ! »

Plusieurs centaines d’Oranais n’ont pas eu la chance de quitter leur ville entre ce 27 juin et le 5 juillet 1962 et ils furent massacrés dans des circonstances abominables.

L’Algérie française c’était fini, de Gaulle l’avait finalement liquidé mais dans quelles conditions ?

Here is the assessment that the former resident minister of Algeria, Robert Lacoste, governor general until May 13, 1958 and socialist deputy, therefore not very favorable to colonization, gave to de Gaulle: "De Gaulle ended the Algerian war like a butcher”.

Il estimait donc, à juste titre d’ailleurs, que de Gaulle avait du sang sur les mains.

C’est en tous les cas l’interprétation que je me fais de sa déclaration.

Il est vrai qu’il aurait pu tout aussi bien dire : « comme un boucher ». Cela aurait été plus approprié !

Manuel Gomez

PS: On Tuesday July 17, 1962, 3,400 people, who had been waiting on the quays for ten days, were finally able to board and thus escape a certain massacre.

Finally, there is a boat, a banana boat, which took passengers because it was empty and it came to load the bananas. They accepted that we go up. They piled us into the hold where they put the bananas. There were all the police. There were children, mothers-in-law, young people, old people, all stuck in that hold. Richard was piercing his canines, he had a fever, poor thing, he was sick. Afterwards they realized the situation we were in and they gave us one deck chair per family. So I had Jean-Claude there against me and the little one at my feet, and Grandpa was sitting on the ground and his head against my back, we were able to sleep like that. In the evening, I said to him — We didn't give to eat for the children, but nothing at all, we left with nothing. We're going up to the boat's restaurant. - Ok it's fine, we go up there. At the restaurant we are asked how many we are. - We are two then the children. — You can stay, but the children can't.

https://www.algerie360.com/que-represente-le-5-juillet-1962/

We went back down to the hold, — What do I feed my little ones?


I had nothing to give them. So there was one of the women who had planned maybe better than me, because I hadn't planned anything, she gave me a small packet of biscuits and another half a packet of crackers, they gave us a present. From morning to afternoon until the next morning we stayed on the boat, when we got off, we went to the search.

Une femme et ses enfants viennent de débarquer du « Ville d’Oran » à Marseille le 26 mai 1962 comme de nombreux réfugiés notamment des Européens d’Algérie (pieds noirs) et des familles de harkis qui continuent d’affluer vers la France depuis la signature des accords d’Évian.

ttps://www.sudouest.fr/archives/portfolios/histoire-le-19-mars-1962-marque-la-fin-de-la-guerre-d-algerie-1722851.php

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Richard n’arrivait pas à marcher parce qu’il avait ses chaussettes toutes mouillées dans ses petites Baby bottes.

J’ai dit à pépé,
— J’ai pas de chaussettes. Regarde le petit il n’arrive pas à marcher, on va aller à la mercerie là, je vais lui prendre une petite paire de chaussettes.

Je rentre
— Oui Madame qu’est-ce que vous voulez?
— Je voudrai une petite paire de chaussettes pour mon petit, si vous avez du blanc c’est parfait.
— Je n’ai pas du blanc.

Elle me répond sèchement. Alors tu sais pépé, il avait une façon de me regarder qui me disait par les yeux, accepte mais ne dis rien. Et pépé me dit
— Prends lui n’importe quelle couleur, demain, tu retournes voir la dame et tu prendras du blanc.

Je lui ai donc pris une paire de petites chaussettes rouges, mais moi j’aimais bien les habiller de la tête aux pieds en blanc. 

Bon je lui mets les chaussettes à ses petits pieds. On descend la voiture du bateau. Et on remonte Marseille. Et notre voiture tombe en panne.
— Mais qu’est-ce qu’elle a la voiture ?

Ils nous avaient mis de l’eau de mer dans le réservoir.
— Mais pourquoi est-ce qu’ils avaient mis de l’eau de mer dans le réservoir?
— Et bien parce qu’ils sont mauvais ils sont méchants, me répond pépé.

On était des Algériens qui habitaient là-bas pour eux.
Heureusement qu’on était pas tellement loin d’un garage.

Ils ont pompé l’eau et ils ont tout nettoyé le moteur, on a mis le gasoil et on est reparti. J’avais un peu d’économie, j’ai toujours fait la petite fourmi, tu mets un sous de coté puis un autre.

On n’en voyait pas la fin de cette route pour aller à Saint-Étienne. On arrive en haut du boulevard de la République. De là, on voit les lumières de la ville. On arrive en pleine ville, je lui ai dit
— Maintenant il faut trouver où on va dormir.

.

 On arrive dans un petit hôtel, on rentre et on demande
— On voudrait une petite chambre pour dormir .
— Combien vous êtes?
— On est deux puis les enfants, vous n’auriez pas une chambre à deux lits?
— Non, j’ai une chambre à un lit. 
— Ça fait rien. On la prend.

 Et là, la dame nous dit
— Attention. Vous n’avez pas le droit de laver des affaires, de vous chauffer, il faut faire ci mais pas faire çà.

Tout était interdit. On a tout accepté, mais mes enfants depuis la veille, je les ai même pas lavés, j’ai même pas lavé les mains, les fesses et la figure, je me suis demandée comment j‘allais faire.
On est monté dans la chambre, il y avait un petit lavabo et un tout petit bidé et là j’ai pu les laver, je les ai mis en pyjama.
— Qu’est-ce qu’on leur donne à manger maintenant? Qu’est-ce qu’on leur donne à ces petits?

Pépé est descendu dans un bar, je ne sais pas comment il a fait, il a récupéré une bouteille de lait tiède et j’ai pu leur donner.
Ils se sont endormis avec un verre de lait. Je les ai couchés, pépé d’un côté moi de l’autre et les deux petits au milieu.
On était tellement fatigué qu’on a pas vu passer la nuit.
Le lendemain matin, on se lève, même problème, il me dit
— Écoute habilles-toi, habilles les enfants, je vais faire un tour et je vais voir ce que je peux trouver.

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 https://www.nouvelobs.com/regions/infos-marseille-13/20120412.REG0949/marseille-1962-le-cauchemar-des-rapatries-d-algerie.html


"Let them rehabilitate elsewhere." This sentence, pronounced in July 1962 by Gaston Defferre about repatriates from Algeria, the Pieds-noirs have not forgotten. Fifty years later, they continue to hold a stubborn grudge against the former mayor of Marseille. Extracted from an interview given to “Paris-Presse”, then taken up on the front page of the local daily “Le Méridional”, this declaration may surprise today by its virulence. But, in this summer which sees passing through his city several hundred thousand French from Algeria, Gaston Defferre only relays the opinion of most of his constituents. Because, since June 1962, the port of Marseilles literally suffocates under the influx of returnees from Algeria. To the point of forgetting its tradition of welcoming, which, over the course of the century, had notably enabled the integration of Armenian emigrants, then repatriates from Indochina, finally those from Morocco and Tunisia. In 1962, the demographic issues are, it is true, of a completely different magnitude: the main point of arrival on metropolitan territory for the French from Algeria, who disembark at La Joliette or land in Marignane, Marseille did not anticipate the magnitude of exodus. After the signature, on March 18, of the Evian agreements putting an end to the war in Algeria, did not the French government itself predict at most 100,000 arrivals during the year? ? In the spring, the great fear of the French in Algeria, whose security is violently called into question on their native land despite the Evian clauses, will quickly get the better of these forecasts. In the end, 700,000 “pieds-noirs” – the contemptuous nickname given to them by metropolitans since the outbreak of the Algerian war – won the metropolis during 1962; among them, approximately 450,000 arrive in Marseille. Faced with this human tide, the public authorities are reduced to improvisation, not to say powerlessness. Overwhelmed authorities At the beginning of June, when, every day, several liners - when they are not cargo ships, pinardiers or trawlers - landing thousands of refugees, the reception center set up for them has only eight employees. In front of its premises, first installed in rue Breteuil before being moved to a requisitioned building on Cours Pierre-Puget, the queues very quickly end up blocking traffic. The regional delegation of returnees from Marseille, dependent on the State Secretariat for Repatriates then headed by Robert Boulin, also provided, at the very last moment, only two transit centers: the Hôtel Bompard, in Endoume, and the housing estate of La Rouguière, requisitioned when its construction was not fully completed. In the apartments which do not yet have doors, on cots provided by the army, however, no more than 3,000 people can be crammed together. who landed in Marseilles in 1962, were able to be taken care of by the authorities, underlines the Marseilles historian Jean-Jacques Jordi, who is the best specialist in the history of repatriates from Algeria (see p. IX). The others were forced to fend for themselves, and to go to the hotel, even if some were also able to count on the solidarity of the associations. "To compensate for the overwhelmed authorities, a "Liaison Committee of organizations participating in aid to French people repatriated from overseas" was created in March 1962, chaired by a former president of the Chamber of Commerce of Marseille, Emile Régis. Bringing together volunteers from Secours Catholique, Accueil Protestant or the Unified Jewish Social Fund, and coordinating spontaneous aid from Marseille residents, it offers at least as many beds as the regional delegation, i.e. around 3,000, divided between around forty centers; Secours Catholique also manages a nursery on the port, as well as a nursery at Saint-Charles station. But they remain in the minority. Within the Liaison Committee, the unions are conspicuous by their absence. And in particular the CGT, then all-powerful in Marseille. "The Communists immediately showed strong hostility towards the repatriates from Algeria, collectively accused of being so many big capitalists, racists who had made the burnous "sweat", and deserved what was happening to them", explains Jean-Jacques Jordi. On the port, in the summer of 1962, the dockers, all CGT members, painted welcome messages on banners such as “Pieds-noirs, come home” or “Pieds-noirs at sea”. Unloading thousands of crates containing furniture and other goods from Algeria, the port employees stole nearly a quarter of them, and left a good part of the rest to rot in the water, destroying what in their eyes constitutes a badly acquired opulence. But the communist militants did not have the monopoly of the bad practices recorded against the repatriates in this year 1962. The taxis, which crowded around the port and the airport, thus increased their prices abusively. This is also the case for many hoteliers, whose establishments are always full: at the end of July, there were only around fifty rooms left in Marseille, out of the 12,500 that the city had at the time. For the Pieds-noirs, who occupy most of them, the prices have often doubled, even tripled, compared to the previous months. Similarly, many real estate agencies increase rental prices; some go so far as to make newcomers pay for the doorstep, when they simply refuse to rent to the pieds-noirs. Faced with this more than hostile reception, the latter try to organize themselves: every day , hundreds of them meet at Place de la Bourse - which in 1970 became Place du Général-de-Gaulle - where two bars were then run by returnees from Algeria. We exchange information, we sometimes find a job, housing. From morning to evening, the square is always full, and clashes occasionally occur with taxi drivers, who believe that they are being prevented from driving and working. On July 18, in the evening, this improvised headquarters of the repatriated community was even the subject of a vast police raid: hundreds of Pieds-noirs present in the square were arrested by the police, and taken to the police station for an identity check, before being quickly released. The Marseille police themselves have indeed ended up developing unfriendly feelings against the returnees from Algeria. It must be said that with their arrival, crime exploded in the city. During the summer, several shootings pitted the police against “gangsters” from Algeria, the press reported; on the single day of June 28, eight hold-ups took place in Marseille, the criminals systematically claiming to be from the OAS. In reality, these are all purely villainous thefts, due to members of the underworld of Algiers and Oran, also repatriated to Marseille. But the climate lends itself to amalgams: already "racist" and "profiteers", the Pieds-noirs also become "thieves".

Il fallait quitter l’hôtel. J’habille mes petits comme je pouvais parce que j’avais rien prévu. Pépé rentre et me dit
— Ça y est, j’ai trouvé quelque chose, figure-toi que le capitaine ou le commandant de la caserne à coté nous propose de prendre l’infirmerie parce que les militaires ne sont pas là depuis un bon moment.

On a plié bagage, on a pris la voiture, et on est allé à la caserne. On a pris une chambre énorme avec quatre petits lits. On pose nos petits bagages là et on descend vite chercher un petit peu à manger, un balai et une serpillière.

 Elle était propre cette chambre, on voyait que c’était fermé depuis un moment, il y avait les matelas, les couvertures, tout était plié. J’achète deux, trois bricoles qu’on puisse mettre sur le dos et j’achète un petit fourneau électrique et une casserole. Enfin rien, on rentre, je nettoie bien, je mets les deux petits lits des gosses ensemble, il n’y avait pas de drap ,il n’y avait rien enfin, ce n’était pas sale.
 Et puis les nôtres, on va les coller comme ça tout propres, on leur donne à manger un petit peu. Nous, on mange un petit peu et je les couche à la sieste. Ils ont fait une sieste formidable. Nous on s’est reposé un petit peu, et l’après-midi. J’ai lui ai dit à pépé
—On va descendre.

J’ai acheté quatre petits draps et d’autres bricoles encore, on savait pas combien de temps on allait rester là-bas.
Il ne faisait pas froid au mois d’août à Saint-Étienne, je prépare tout dans un coin, je fais un petit coin vaisselle et sur la fenêtre, je mettais ce que j’avais comme nourriture. Enfin, je me débrouillais bien. Et toutes les femmes qu’on était, on avait nettoyé le grand couloir, les WC, mais je t’assure c’était pas sale.

On a nettoyé les éviers qu’on avait, les douches, on a tout nettoyé. Parce qu’on se disait que si les petits voulaient sortir dans le couloir pour s’amuser, il fallait que ce soit propre. On était je ne sais pas combien de femmes de policiers et il y en avait qui avaient emmenées leurs parents avec eux.

 Je crois qu’on est resté à peu près un mois là-bas. Un jour pépé rentre et me dit
— Tu sais je viens de la préfecture de Saint-Étienne et l’assistante sociale m’a dit qu’elle avait un appartement tout neuf à nous proposer mais il est à quarante kilomètres de mon travail.
— Oui bien sûr, on s’en va.

Mais je me suis vue toute seule, les quarante kilomètres, et l’hiver qui arrivait.

We take the brand new apartment. The floors were in reflex, it was grey-blue. And the kitchen, it was pretty with red floor tiles, the bathroom the same, the hallway the same, but a marvel and the heating on the floor, we didn't need anything. Well, we arrive with one or two odds and ends. We go down to Saint-Étienne and we go see the furniture store there and we go buy what we need. So I take two small box springs, two mattresses, two bolsters for them, the big mattress and the box spring for us, a table, four chairs, a small sideboard, the gas cooker and a small fridge. For sleeping and eating it was impeccable. We explained the situation to the merchant, he told us — Don't worry, we'll deliver to you right away. I was lucky to have cash, I had paid them everything in cash. They delivered me here, they came behind the courtyard. They installed everything, my kitchen, my fridge. My little ones' bed was ready, I had put the sheets on the bed, they were all beautiful. I wanted them to be clean, to be good, after I made my bed in our room. We were like kings in this little apartment and grandpa said to me — You know you could take Jean-Claude to school. enrolled in school, and the woman said to me— Don't you want the little one to stay? — But he's small! — It doesn't matter. We take it. But Richard was so small that he was peeing, he didn't realize. In the afternoon, I go get him, he was wet. The wet pants. The next day I said to Grandpa—I put Jean-Claude in school but not Richard. He had just turned two, he was too small then, I keep and Richard and take and Jean-Claude.

One day, I see that Richard can no longer walk in his shoes. They were too small. — I don't have any rest now, but as soon as I can I'll take you to Saint-Étienne and you'll take your shoes, okay? You could see that Richard was limping but he wasn't complaining. He was fat, he was handsome, and he did all the crap your father did. We went up to Saint-Galmier to the market, it was cold. There had been snow. We go up with the stroller. We went to the market to see if we could find something pleasant to eat and we passed a shoe merchant. Grandpa said to me — Here's the shoe seller, see if there's anything for Richard. I go in there, a lady said to me - What do you want? she was nice,— I want baby boots for the little one.— But it's winter. I do not have. And what's more, I asked her for some white baby boots. Wait, I'll find you something good. She takes me out a little boot with a very wide brim and a kind of goat fur, pretty little boots and yet another little thin brown leather boot that's pretty too. The lady picks Richard up in her arms and puts him on the counter there, and she puts the big boots on him. She attaches him and she says to him - Come on my chicken will see how you walk. And Richard started going around the store, he saw these little toes that were good inside. And I said to him - Come on, let's try the others. Richard stands with his back to the door and there was no way to get him in. So grandpa looks at me and says the other boots are ugly, leave him alone, he feels good with those. And we go down to the house and I tell Grandpa that I'm going to feed the children and then we eat quietly. I feed your father, he went to bed and sometimes he fell asleep sometimes he didn't fall asleep, he played with anything. But he was in bed, he was wise. I go to put Richard to bed and take his shoes off and there, nothing to do, he didn't want me to take them off. — Listen, I'm taking your shoes off and putting them next to you, they're going to sleep next to you. next to you I cover the shoes. And there, he fell asleep like a mass. He had never slept so well since we left Algeria.

AcknowledgmentsI first wanted to say thank you to my children, to Coline and Eliott, who saw me write this little book. One morning I found them both looking at my computer and reading our grandma Lili's story. I understood then that my project made sense and that I had to persevere. I wanted to thank Monique, Momo for the close friends, mother-in-law, neighbor and friend who every morning over a coffee encourages me in my craziest projects, precious help, she knows how to give critical and always constructive feedback and helps to consider questions from several angles. Thank you for your gaze, your listening and your kindness. Thanks to Florent, my life companion, with an acerbic critical sense. Thank you for listening to me talk day and night about all my projects, thank you for never reproaching me for the time I devote to them. Thank you for making me serene by your constant affection, thank you for leaving me free to create according to my imagination. Thanks to Ariane, my lifelong friend, my muse. Thank you for your support, our discussions always bring me self-confidence, an essential ingredient to go through with my projects. Thanks to Mathilde, the trust you show me in my artistic endeavors, your visual artist's view of this project, and the affection you have for me fulfill me and push me to be better every day. Thanks to Florence and Paul who read the 1st draft of this book. Thanks to your positive feedback I had the courage to finish it and show it. Thanks to Mr. Basin, father of one of my former students. While only two chapters had just been written, there was a moment where two choices presented themselves, that of continuing or that of stopping everything. Timéo showed it to you, and your reaction that he described warmed my heart. My doubts were almost all dissipated and I continued without really asking myself any questions. Thank you to my father, for all the love he has for us and for this trust he has in me. It was with her permission that I dared to ask my grandmother about her past, about her story, about grandpa's. I always feel a little "extraordinary" when he looks at me. Thanks to my mother, for her advice, her fears which reflect mine, her gentleness in her words, her encouragement when I want to drop everything, her nest that welcomes me with my little ones when I want to hide, when life is a bit rough. With a special thought for Jean-Pierre of course. Thanks to my cousins Antony and Rémi and my cousins Caroline, Camille, Manu and Fiona. Not necessarily for help on this writing or in my life today, but for my childhood memories and for this Love that I perceive and feel when I look at you. I can't help but see grandpa through all of you, in the gestures of tenderness you give to the children, in the jokes that are often heard. I have no doubt that you will be able to read this story to your little ones and to the little ones of your little ones, with the tone please! Thanks to Nina, who knows how to keep a secret and who was present this after- noon when Granny told me all those stories. I know you would have liked to stay with me all afternoon to listen to it. Thanks to my sister Sandrine, I didn't dare tell you about this project, I didn't want to involve you in it, it was a bit selfish on my part, but I'm so afraid of your return! This fear is not an obstacle for me, it is on the contrary what pushes me to surpass myself to always go further in my artistic approach, at the end of my ideas and my projects and because it is and it will always be your look that will matter most to me, always your approval. I hope I did well, I hope you will like this little book, I hope my project will seduce you.

Call for donation - Participation in free conscience


Rossignol de mes Amours, la pièce chorégraphique


Lelabodart finally launches! The collective is made official, research and sources of inspiration are carried out, the dancers make themselves available and grant the time for work and research on the movement necessary for artistic creation. The booklet is taking shape, the first videos are slowly being made.

Si vous souhaitez participer à ce projet, si vous souhaitez nous aider à aller au bout de la démarche artistique, suivez avec nous le livret de création de la pièce chorégraphique et donnez nous un petit coup de pouce, une petite participation afin de financer la scénographie, les décors, les costumes, les déplacements, la musique et peut être, si vous croyez en nous, alors ce beau Rossignol chantera sur scène et nous pourrons encore et toujours danser en son honneur.


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